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29 juillet 2008

Le chemin de l'extase

pablo_gargallo01
Pablo Gargallo Le Prophète

    Du calme, mon chéri, et surtout de la méthode. Si en redescendant tu cherches à droite et que tu ne trouves rien, c'est que ton blouson fut balancé à gauche. Tu le trouveras donc sur ta droite en remontant, à moins que tu ne l'aies manqué dans la descente a cause que ta raison a sombré dans le pastis, ou dans la remontée, avec dans ce cas obligation de repartir à zéro ou de dormir dans le foin, au fond du trou normand. Cependant ne te tracasse pas, Buster, mon lapin, mon combattant de l'impossible, cherche à tâtons ton vêtement dans les branches, clef ans la poche t’en souvient-il, sinon dans la doublure. Ne néglige aucune piste, cherche, cherche dans la nuit noire ton blouson mon canard, et que sens-tu soudain, là, hé hé, sous ta main ?

    Du cuir, merci Seigneur , merci Vierge Marie, et dans ce cuir… la clef !

    Soulagement, satisfaction, cuite oubliée, progression si véloce à présent que bientôt, derrière le combattant du Moi, derrière le philosophe en éruption se presse une cohorte de pénitents hagards, de banquiers déprimés par le CAC, de barons de l’industrie diminués par les cors, décimés par le stress, flingués par la conscience aiguë de l’inutilité de leur existence de singes. Ils implorent une halte, en appelleraient à leurs secrétaires et s'en retourneraient dans les bureaux de la Défense s'ils n'espéraient recevoir, en échange des milliers de dollars versés le jour de l'inscription, quelque lumière sur le moyen de sortir du marasme, quelque lueur pour retrouver, dans la pataugeoire des flux tendus, des retours d’investissements et des financements en rideau dans les circuits du web, la simplicité qui permet à Juju d'aller le samedi aux asticots, le dimanche à la pêche avec la femme de l'éclusier, et d’arborer chaque lundi à l’usine le visage du bonheur.

    De l'obscurité monte alors ce discours : Oui, sœurs d'infortunes, oui, frères de misère, malgré le lumbago parano vous gravirez la pente, malgré bedaines et infarctus vous vous élèverez, malgré schizophrénie mégalo pédalo vous parviendrez à une vision non plus brouillée mais claire du chemin de la réussite, de la vraie, de celle qui conduit à l’extase. Vous aurez pour unique nourriture le tubercule arraché de vos mains à la terre imbibée, pour boisson l'eau des flaques, mais vous découvrirez une sensation qui vous réchauffera, vous allégera, vous grandira aux yeux de vos subordonnés, je veux parler du sentiment d'amour que vous inspirera désormais votre frère et semblable, si bas se situât-il sur l’échelle des salaires. Si bien que vous repartirez à l'issue de ce séminaire  non plus comme en cette heure le nez morveux et le gros orteil gonflé, mais le front haut, la jambe souple, le mollet prêt à la détente. Maintenant arrêtez-vous, frères et sœurs VIP, laissez vos ronchonnements aux ronces et groupez-vous par deux : vous voici parvenus aux Chèvres. A l’issue de cette ascension couronnée d’une victoire éclatante sur vous-mêmes, victoire dont voici les lauriers, vous allez boire un coup, vous déloquer, vous aligner devant moi et vous donner la main. Mais je voudrais d'abord vous présenter le frère animateur de votre groupe, Juju, le voici justement, qui va vous conduire au baquet où  vous serez priés de vous laver les pieds.

Extrait de Evasion

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Commentaires
M
Fanzesca, tu as tout à fait raison. <br /> Et toi aussi, Cloudy. Je vois que tu as su débusquer le séminariste sous le gourou. Et tu n'as encore rien vu, attends la suite !
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C
Mes fils et mes filles, vous serez des hommes :))
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F
Plein d'humour et rondement mené.<br /> J'adhère, c'est beau, c'est comme j'aime. <br /> Amitiés Michel
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J
Ainsi donc (grace à votre gentil commentaire sur "le soleil d'été") je vous découvre et je dois avouer que je ne suis point déçu , ce lieu est fort bien construit !
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M
Eh bien voici, Aude, nous sommes mardi, c'est arrivé.<br /> Avec bien du mal, car il m'a fallu détourer la sculpture de Gargallo, ce qui ne fut pas de la tarte. D'autant qu'il faisait 27° hier soir dans mon bureau, que j'avais bossé toute la journée comme un malade que mes paupières tombaient.<br /> La bise à toi.<br /> Je m'en vais illico sur ton blog.
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