La gouvernance du moi
Avant ces digressions du côté de Sarko — celui-là, je ne peux plus le blairer, et je me demande de quelle manière il va rompre avec Bush pour s’aligner sur Obama et en tirer de la gloire (fringant qu’il est, il aimerait bien le devancer mais il lui faudrait alors, pour la photo, monter sur un escabeau) — … euh… nous en étions…
… ah oui : nous en étions à ces pulsions sexuelles et penchants affectifs qui trop souvent supplantent nos capacités d’analyse, de synthèse et de création pour nous mener au fossé. C’est-à-dire qu’avant même de basculer cul par dessus tête dans une réalité qui va sur nos illusions refermer prestement les crocs, sans en avoir conscience nous préparons le désastre. Si bien qu’une photographie de notre déglingue en attente (comme de juste invisible à nos yeux) nous montrerait sur notre chemin de vie dans la posture suivante : en guise de tête, nos attributs de reproduction et notre fessier, avec de part et d’autre de notre axe nos deux guiboles en un V vacillant. En dessous, chaviré, un cœur à l’agonie. Enfin, au raz des pâquerettes, ou plongées dans la fange, nos facultés cognitives, conceptuelles, inventives.
Un beau bordel ! Et le temps de nous rétablir, de recouvrer l’esprit, de nous remettre sur nos jambes et de nous débarbouiller, nous voyons s’éloigner dans le brouillard le train de notre évolution.
Evidemment, ce n’est pas le désastre absolu. Aucun prédateur ne nous guette au tournant, et ce n’est pas le ragondin qui pourra nous coiffer au poteau. Comme nous le constatons en effet, chez l’animal qui se déplace, les organes directeurs s’alignent sur une horizontale, si bien que jamais le renard, ni le loup, ni même l’écureuil ne voleront bien haut. Heureusement, sinon nous aurions à jamais disparu de la surface du globe. Il n’en fut rien et, cahin-caha, nous avons réussi à construire des machines qui suppléent à nos mains, quant à elles occupées de marche à pied dans la campagne que nous battons.
Mais voici que le progrès accélère, que nous avons aujourd’hui des claviers, des écrans, des souris qui nous montrent un ailleurs… Certains d’entre nous, tel votre serviteur, commencent alors à se poser des questions, à se prendre la tête, à participer à des séances de psy censées remettre les idées en place.
Hélas, hélas, hélas ! Plus il y a de têtes plus il y a d’idées, plus il y a d’idées plus il y a de chicanes, si bien que la réunion vire à la foire d’empoigne et la séance au pugilat. Accablés, nous nous regardons alors, tentons de nous calmer, de remettre tout à plat, de repartir à zéro.
Et c’est reparti pour les prises de gueule, le lancer d’invectives, les peaux de banane en douce, les humiliations, les embuscades, les tranchées…
Sœurs et frères, ne m’en veuillez pas de vous quitter, c’est l’heure de la soupe. Mais je vous promets de revenir demain. L’Amérique au repos après la victoire de Barrack Obama, Sarko occupé de finance avec Mme Lagarde, de justice avec Rachida, d’études avec Darcos, de progrès social avec Bertrand etc, etc, et, s’il lui en reste le temps, d’intimité avec Carla, nous devrions demain atteindre à notre objectif : la manière la plus judicieuse, pour chacun d’entre nous, de gouverner son Moi. Et d’ici noël, si la pression sociale laisse la finance digérer son désastre, la meilleure manière pour nous tous de gouverner le monde.
Je vous remercie de votre attention.