Dans le fracas des choses
Dans ce rêve camarguais, rêve prolongé par le glissement, le cabrement et l’inclinaison d’un voilier dans un cercle d’alpages, rêve se poursuivant dans le déhanchement des chemins du retour, eh bien dans ce rêve je demeure. Et ne parviens à m’en extraire.
Envie de repos, de magie, de silence devant ces impressions qui défilent et perdurent ; envie que seule ramène à la réalité la chute d’une pomme dans l’herbe d’un jardin, ou le crissement d’une feuille ; que l’inutile trop longtemps rejeté reprenne le dessus, que règnent sur la terre les chevaux et les voiles, la lumière, le clapotis des eaux, l’indicible bonheur de l’étirement du corps…
Mais voici le courrier, le téléphone la radio qui appellent au fatras, aux urgences, à cette agitation qui nous paraît, croyons-nous avec modestie, la condition de notre destin de démiurges.
Ouvrir alors le Mac, y pianoter un texte, y renoncer, y revenir…
S’allonger pour une sieste, fermer les yeux, frôler la paix mais le voir apparaître soudain, lui qui n’est plus, lui qui s’en est allé et ne reviendra pas, s’en est allé sans même un au revoir… S’en est allé si loin des chevaux et des voiles, si loin du soleil et du vent lancé sur sa moto, si loin de cette beauté de la vie et des choses que me viendraient des larmes.
Je ne comprends pas, ne comprends toujours pas, n'accepte toujours pas. Me voici vide à mon tour, qui crispe les mâchoires et les poings pour fuir le chagrin qui me ronge, combler le vide par le brouillon des choses. Et me voici cloué devant des tâches dont je me demande de quelle manière je vais m’y prendre pour les mener à bien dans cet épuisement de l’âme.
Me voici à présent face à mon impuissance.
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