Tout est en ordre, rien ne va.
.... Chassons ce qui attriste, ignorons la grisaille de ce premier dimanche d’octobre, oublions le OUI irlandais à l’Europe des banquiers, à l’Europe de la crise, à cette Europe qu’ils avaient rejetée voici moins de deux ans, lucides qu’ils étaient alors. Et détournons les yeux du feuillage d’un érable qui tarde à s’enluminer de ses couleurs d’automne.
... Pas une voiture dans la rue, pas un bruit, pas un chat. Pour avoir trop chanté au soleil de l’été en allé, le monde s’est résigné à sombrer, pour cette journée sans éclat, dans un demi-sommeil aphone qui finirait par m’endormir. Après avoir hier, chez moi, manié tant le furet que la scie pour déboucher un important tuyau d’évacuation, avoir fini par réussir et avoir tout avoir remis en place, j’ai entrepris ce matin le ramonage de ma cheminée. Mission accomplie. Tout est en ordre et la grange, débarrassée de ce qui l’encombrait, n’attend que le bois de chauffage promis pour cette semaine.
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.... Tout est en ordre et rien ne va… qu’est-ce que j’peux
faire ?… j’sais pas quoi faire… j’ai plus d’envies… c’est pas une vie…
boire de l’eau de vie… ou du whisky… tiens, du whisky, c’est une idée… mais pas
tout seul. Or je suis seul car Emmanuel, mon ami hollandais aux impeccables
tulipes — j’ai évoqué au début de ce blog leur touchant garde-à-vous devant
l’immaculée pelouse s’étendant à ses pieds —, de plus grand buveur devant l'Eternel, a brutalement pété les câbles. Hémorragie cérébrale ont
déterminé ses médecins, et il a rendu l’âme avant que personne ait pu réaliser qu'il n'était plus de ce monde,
si bien que les hirondelles qu’il redoutait, avant de partir vers le sud le
temps de passer les mauvais jours vont pouvoir, en toute impunité, à la fin
d’une parabole aussi bruyante que vive, puis d’un piqué osé suivi d’un
redressement joyeux qui les projettera loin de l’ire hollandaise, fumer de
leurs fientes en rafale ses floraisons bulbeuses.
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.... Et si j’allais faire un tour au jardin ?
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