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Chronique, virgule
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27 octobre 2011

Mardi 25

 4_humains     J’en suis à la moitié environ du programme du Front de Gauche. Ce que je lis dans ce livre rouge n’est pas nouveau pour moi. Voici des décennies que je suis parvenu à ces idées que tant de gens découvrent, bientôt quatre ans que je me bats pour elles. Et pourtant, leur lecture me pèse. M’apparaît un fossé entre la manière dont elles sont formulées et le titre qui les coiffe : l’humain d’abord. Car je ne vois rien d’humain dans cette énumération de mesures à prendre si par miracle la gauche de gauche, cette gauche qui sait ce qu’elle veut, antithèse en bref du Parti socialiste, parvient au pouvoir en ce prochain printemps.

     Certes, l’intention est bonne, excellente même, et loin de moi le désir d’apporter la moindre critique à un point quelconque de ce programme, non plus que d’en bouder l’objectif essentiel : extraire le citoyen de la grisaille où l’ont relégué le libéralisme, la finance, la mondialisation imposée sans que quiconque ait eu son mot à dire. Oui, de la grisaille dont on a recouvert — là je vais faire ricaner Copé — la vision historique d’une internationale des peuples  au sein de laquelle, une fois dépassés les soucis de fin de mois, de concurrence tous azimuts et de productivité sans raison, ce serait de l’être humain, de vous, de moi, de nous tous, dont s’occuperaient enfin nos patrons, nos élus, nos états. De nous tous et de nos besoins, de notre éducation, de nos désirs et de nos espérances, de notre équilibre, notre développement intellectuel, des soins apportés dès le plus jeune âge à la crativité de chacun.

     Etait-il besoin, pour remetre en piste ce rêve ancestral et le partager avec le plus grand nombre, que certains d’entre nous, parmi lesquels les plus instruits, les plus au fait de la situation, les plus à même de voir les failles dans la défense ennemie et de les agrandir pour les mettre en lumière, se réunissent durant des heures et raisonnent, déduisent, computent, supputent, rédigent sans omettre le moindre détail ni la moindre virgule, le programme le mieux bâti qui soit ? Peut-être, puisqu’il faut du solide à opposer aux contrevérités, aux falsifications d’une droite qui ne craint pas de mentir. Mais ce n’est pas obligatoire : plus le programme est précis, plus il est peaufiné dans ses divers aspects, plus il est aisé de le contrer. Et Jean-françois Copé, en sa clairvoyance de futur prétendant à la plus haute fonction républicaine, se fera un plaisir d’y dénicher le camouflage d’un un soi-disant défaut. Clamant alors à la chimère en affichant un sourire entendu, de rassembler autour de lui ceux qui refusent de comprendre, de moins en moins nombreux il est vrai en cette époque de vaches maigres.

     En quoi la logique, en quoi la précision peut-elle ouvrir l’esprit lorsqu’on se trouve à la merci du moindre imprévu, quand on a mal à l’âme ? À ce programme manque le soupçon de poésie qui peut rendre l’envie de sourire à ceux dont l’ordinaire n’est que soucis de matière, obéissance aux imposteurs qui se prennent pour l’élite.

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