Avatars des enrubannés

Bientôt huit mois d'absence, mon blog à l’abandon. Pourtant, aucune honte à cela et me voici de retour, le cœur léger malgré que mon pays régresse, que nos nouveaux gouvernants me répugnent plus encore que les précédents, que le vice l’emporte sur la vertu et que, malgré cela, j'ai lâchement renoncé à militer, du moins à la manière plan-plan en vigueur sous le ciel auxerrois. J'ai malgré tout profité d'un printemps pouilleux pour rédiger un troisième essai politique, "Capitalisme, la chute", que j’envisage d’éditer par mes propres moyens, en passant par Amazon et le net. Car les éditeurs, comme constaté par le Comité Invisible, ne sont plus bons qu’à distraire les castrés, dont je ne fais pas partie… En attendant leurs réponses motivées (n’entre pas dans le cadre de nos collections), je me suis occupé de mon potager, puis de la façade de ma maison, ravalée en rêvant.

Maintenant que l'ai sacrifié à la matière, sué sang et eau, fait appel aux pompiers pour me tirer d’affaire lors d’une récente intervention sur ma toiture aussi pentue que glissante, me revoici tout frais tout rose, avec en tête un nouveau projet politico-littéraire, inspiré par la courbure d’un horizon baigné d’azur et de vent. Ou plutôt un projet politico-poétique car je n'ai plus envie de me creuser la cervelle avec des arguments dont nos concitoyens se contrefichent — comment leur donner tort ? À remarquer que le Front de Gauche, avec sa logique implacable, s’égare de plus en plus, mais qu’importe. Le ciel bleu de l'été, la magnificence de ses fruits et ma truelle maniée avec dextérité m'auront malgré tout redonné l’envie de me battre, et les têtes de bois vont rouler dans la sciure sans qu’il soit besoin d’autre chose que de déclaration de guerre — guerre sainte s’entend. Et telle sera ma colère, telle sera celle de Moïse (et telle sera notre rage partagée lorsque je vous aurai expliqué, ô frères et sœurs rescapés des mirages médiatiques), que les impériaux seigneurs, entendez les ripoux de l’empire du fric, les Tapie, les Cahuzac et autres innocents Hollande, Moscovici et Copé, tous feignant d’agir pour le bien, n'auront d'autre solution que de tourner casaque devant la fureur des peuples.

Croyez-moi, ces orgueilleux potentats, avatars des enrubannés de l’ancien régime, vont faire dans leurs bénards en apprenant qu’on ressort la Veuve et le panier de son. Mais ne les plaignez pas, ce ne sera que justice divine.

Marcel Nino Pajot. À la recherche de Don Quichotte.

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