TAFTA, démocratie représentative, suffrage universel, etc.

Le peuple français, démocratiquement, a porté François Hollande à la présidence de la République. Et François Hollande, fort de ses prérogatives de monarque républicain, va ratifier en notre nom l’accord de libre échange entre l’Europe et les États Unis. Rien à redire à cela, sauf que le peuple français est de moins en moins d’accord pour que son poulet de Bresse, nourri au grain et joliment rôti, soit envoyé à la fosse par le fried chicken US rincé à la javel. Pour que nos normes sociales et environnementales soient remises en question par quelque Monsanto. Enfin pour que nous soyons contraints de les abroger sous peine de devoir payer aux multinationales les sommes exorbitantes qu’elles nous réclameront pour entrave à leur innocent business, donc pour manque à gagner des actionnaires qui les dirigent avec amour.

Ne sommes-nous pas confrontés, en ce cas de figure, à un piège que nous avons nous-mêmes mis en place, qui plus est démocratiquement ?

Liberté, Égalité, Fraternité. Cette devise magnifique, gravée dans notre Constitution par la Révolution de 1789, s’est au cours des années réduite à ceci : liberté d’exploiter son semblable, en vérité son égal, en moins puissant cependant. Quant à la fraternité, elle est en notre généreuse époque passée aux oubliettes. Place au chacun pour soi, et tant pis pour les autres, après soi le déluge.

Donc, si nous nous élevons à la hauteur de la tour Eifel, et si nous considérons notre société et ses règles, nous découvrons que notre démocratie représentative, fondée sur un suffrage universel inopérant, loin de nous avoir menés à l’émancipation dont nous rêvions après la prise de la Bastille, et que nous espérons toujours atteindre deux cents ans plus tard, nous a au contraire conduits à la pire régression qui soit : la domination du plus fort, du plus riche et du mieux armé. Quant à l’approbation du TAFTA par notre valeureux monarque, elle va refermer sur nos poignets, nos chevilles et nos espérances les chaînes de la galère que nous pensions avoir envoyée par le fond.

Le capitalisme a commencé par s’approprier les moyens de production. Il a ensuite fait main basse sur la création monétaire, ensuite sur les gouvernements. Par les bobards dont il nourrit la démocratie et son suffrage universel, il s’attaque à présent aux États et aux peuples, en fin de compte à chacun d’entre nous.

Le diable s’habille en tafta, la Grande Révolution est à reprendre, la démocratie à réinventer.