Entre espoir et désespérance, combat pour l’émancipation
D’un coup, à propos de mon billet précédent, signalé par courriel à environ cinq cents contacts, afflux de visiteurs sur mon blog. Je m’en réjouis, et je me désole en même temps du nombre infime de réactions. En tout et pour tout, deux commentaires : un premier, positif, (de la part d’un camarade PCF de l’Aveyron) déposé sur le blog ; un second, pareillement favorable, envoyé par courriel à mon adresse personnelle, de la part d’une camarade PCF de l’Yonne. Merci à ces deux militants d’exception. Quant au silence des quatre cent quatre-vingt-dix-huit autres, je ne sais comment l’interpréter. Indifférence ? rejet ? mépris ? effarement devant des propos n’ayant reçu l’aval d’aucun parti, ou simplement paresse devant la tâche que représente, pour qui n’en a pas l’habitude, la rédaction de quelques phrases ? À moins qu’il ne se soit agi d’un manque dramatique de temps, ce qui ne m’étonnerait pas étant donné que tout s’accélère, que nous courons de droite et de gauche entre fracas de bombes, écrasement de jets et trahison de dirigeants. Quoi qu’il en soit, ce silence me renvoie à celui que j’ai toujours connu de la part des différentes formations que j’ai fréquentées durant quatre ans. Si bien que j’en arrive à me dire que je n’ai rien compris à leur fonctionnement, que le mutisme de la majorité est la seule attitude possible face à l’enthousiasme et la naïveté d’un type sorti on ne sait d’où, d’un rigolo n’ayant jamais milité, n’y comprenant donc rien, se permettant malgré tout d’écrire trois essais politiques, de travailler à un quatrième, d’en méditer un cinquième !…
Là, ne m’en veuillez pas, je me marre.
Ce qu’ils ignorent, ces silencieux qui savent, c’est que le programme qu’ils défendent, L’Humain d’abord, place la personne humaine au premier rang des préoccupations de la gauche de progrès. Que tout être humain est donc respectable, de même ses opinions. Et qu’au cas où les idées qu’il avance heurteraient les points de vue communément admis, elles ont au moins le mérite de les remettre en question, donc de les étudier avec la plus grande attention pour, en finale, après discussion, soit les conserver, soit les améliorer, soit les rejeter pour en proposer de nouvelles, mieux à même de résoudre les problèmes qui se posent. Or, au sein de la gauche de la gauche, il n’en est rien. Les idées viennent d’en haut, et le militant Lambda n’est pas en face d’une fratrie avec laquelle il peut discuter et s’entendre, mais confronté à un système, à une machine, à un appareil aussi stalinien que rigide, auquel il s’agit d’obéir. Cette machinerie en effet n’a que faire des opinions de sa base, et son influence est telle sur les petits esprits qu’elle les modèle à son image. Aucune dialogue n’est donc possible, ni dans la verticale de la pyramide, ni dans les strates horizontales qui la constituent. De quoi pleurer mais c’est ainsi : l’être humain ne vaut pas mieux que le mouton, il n’a comme lui que deux besoins, le râtelier et la tonte régulière de sa laine.
Bien sûr, à moins d’être retourné à la boue d’origine, personne ne saurait être d’accord avec cette dernière affirmation, et c’est heureux. Chacun de nous (nul besoin de mettre le bout de son nez dans l’infini de l’être) sait en effet, intuitivement, qu’il vaut beaucoup mieux que l’image moutonnière qu’il offre malgré lui à ses semblables et ses descendants.
Si nous nous élevons en nous, si nous franchissons un nouvel échelon sur l’échelle conduisant de l’animal à l’homme inachevé que nous demeurons pour l’instant, et de notre pitoyable présent au futur que nous entrevoyons, force nous est de constater les méfaits du silence. Le silence est le fait d’une diplomatie travaillant en secret à des accords bancals entre sociétés antagonistes et immatures, et le bancal et le mal fichu ne représenteront jamais ce que recherche l’esprit. Ce que nous voulons tous, en la partie la plus élevée de notre essence, est une marche continue vers de nouveaux horizons qui nous verront alors grandir, accepter le monde, reconnaître que nous ne sommes que des atomes de l’univers, alors respectant ses lois, nous unissant à ses vibrations, lui apportant ce qui nous fut transmis, et dont nous deviendrons la conscience.
Le silence, le mutisme, l’absence de communication, la négation de ce que maudit sans le connaître une majorité de “camarades“ (la spiritualité dont découlent nos attentes), appartiennent au fonctionnement basique de la bête. De celle qui, par son venin, ses crocs et ses griffes, a écrasé ses semblables et réussi à survivre à ce que la droite, avec en têtes ses Sarkozy et ses Copé, nomme la sélection naturelle.
Gens de gauche, lorsque je vous regarde vous enterrer dans vos certitudes, vous grouper en troupeau derrière des slogans auxquels on a pensé à votre place, j’ai peur. Mais lorsque je vous vois, comme ce sera demain le cas, manifester pour que les chiens se taisent, pour que Palestiniens et Juifs cessent de s’entre-meurtrir, et pour que la richesse matérielle cesse d’imposer sa sélection à qui n’a pas l’argent pour phare, si vous saviez comme je me réjouis ! Et comme au fond de moi, ou plutôt dans la partie élevée de mon immensité d’humain, je vous aime !…
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