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6 août 2014

Échanges avec Marcel - 3

Bonjour Michel,

 Toujours dans les incantations ?… Excusez-moi je vous taquine.

Mais vous, en homme instruit,  avez dû constater qu’il y a toujours eu des riches et des pauvres, et que les révolutions n’ont jamais réglé le problème. Je vous en laisse imaginer la raison.

Critiquer ceux qui réussissent,  n’est-ce pas reconnaitre sa propre  faiblesse ? Je sais qu' il y a les vautours, les carnassiers, des gens qui n’ont jamais rien créé, mais si des représentants des salariés  siégeaient aux conseils d’administration avec pouvoir délibératif, ne pourrait-on pas limiter leurs nuisances ?  Il me semble que c’était une promesse électorale.

Alors voilà un exemple qui fait divergence entre nous. Pendant que vous écrivez vos chroniques on oublie l’essentiel, qui pourrait être revendiqué ou être fait.

Oui je suis de droite fils de petit patron, petit bourgeois, mais on peut être de droite et se battre pour l’équité. Je suis pour que les ouvriers aient un salaire correct, je suis pour que les salariés soient copropriétaire de leur entreprises, je suis contre l’orgie du fric. C’est pour cela que je me sens proche de de Gaulle bien qu’il ait peut-être commis des erreurs. C’était un homme qui a toujours payé ses frais domestiques, qui a refusé sa retraite de président de la république, et le comble était que sa femme allait secrètement au mont de piété pour finir ses fins de mois ! Et puis il y a eu Philippe SEGUIN qui a refusé une augmentation de la cour des comptes.

Mais vous êtes un homme d’écriture, on ne peut pas vous reprocher d’écrire des histoires.

 Bien Amicalement

 

 Ah, Marcel,

Qu’il y ait toujours eu des riches et des pauvres, je n’en crois rien. En tout cas, le toujours est de trop.

L’hérédité veut qu’il y ait parmi nous des maigres et des gros, des forts, des faibles, des éclairés et des bornés… Mais tout ce petit monde s’attachant avant tout à survivre, on peut supposer que chez l’homo sapiens des origines les premières sociétés se constituèrent autour d’une solidarité indispensable, les tâches se répartissant entre cueilleurs et chasseurs, chacun se livrant à ces occupations en fonction de ses aptitudes. Là, pas d’argent mais du courage, de la débrouillardise, et bien sûr du pouvoir pour les plus éclairés. Les progrès accomplis menant peu à peu du nomadisme à l’agriculture, la civilisation a voulu qu’il y ait des riches et des pauvres, les riches étant évidemment les chefs, les pauvres leurs protégés, lesquels devaient leur obéir.

Ce fut alors fin de l’éden, la fin de la prime enfance de l’humanité, son entrée dans l’âge dit “de raison“. Mais il nous faut ici noter, comme on s’en aperçoit en observant des écoliers dans une cour de récréation, que la parole a bien souvent tendance à mettre genou en terre devant le coup de poing. Raisin pour laquelle se développèrent, pour un bout de chocolat, un point d’eau, une parcelle de terre suivie de territoires entiers, des guerres de plus en plus meurtrières dont l’aboutissement, par-delà les tranchées de 14 et les crématoires d’Auschwitz, se situe à Hiroshima. Et là, nous quittons l’enfance, abordons une adolescence on ne peut plus critique, dont nous ne savons de quelle manière elle prendra fin.

Pouvons-nous poursuivre par les armes ? Certainement pas, nous mettrions la terre entière en danger, l’humanité avec. Or, quel est le nerf de la guerre, si ce n’est l’infernale confrontation du désir de ce qu’on ne possède pas et de la volonté de conserver ce que l’on a ? Si nous voulons survivre à nos démons, obligation nous est donc faite de dépasser les notions de pouvoir et d’argent, de retrouver un équilibre sans lequel nous allons dans le mur. C’est-à-dire qu’il nous faut accéder à la maturité, éliminer les sources de conflit en établissant une égalité effective entre nous, surtout prendre soin de la planète (la terre-mère) dont nous allons finir par épuiser les ressources (le lait) au point de la voir agoniser sous nos pieds, donc de nous retrouver le bec dans l’eau, ou plutôt dans le sable et la cendre.

Ainsi, cher Marcel, vous admettrez que nous avons du pain sur la planche, et que les problèmes de possession et de frustration, de richesse et de pauvreté, vont être sous peu dépassés. Que le pétrole vienne à manquer, qu’un second Fukushima nous saute à la figure, et nous comprendrons enfin que l’accumulation de lingots d’or, de billets de banque et de canons ne nous sert strictement à rien.

Vous êtes  fils de bourgeois, je suis quant à moi  fils de militant communiste entré dans la Résistance. Vous vous dites de droite (mais ne commettez-vous pas là une erreur), je m’éloigne quant à moi de cette gauche matérialiste qui ne nous sera d’aucun secours, je le sais depuis peu, et je me tourne vers l’infini qui est en chacun de nous. Ce n’est plus nous qui faisons l’Histoire (nous sommes allés trop loin dans la déraison), mais c’est pour un temps l’Histoire qui se fait elle-même, comme obéissant à ce que certains nomment Dieu, et que j’appelle quant à moi l’Esprit. Et Dieu, l’Histoire, l’Esprit, l’être humain en sa vastitude n’ont que faire de l’argent.

 Bien à vous, Marcel. Mais par pitié, ne croyez pas que je n'écris que des histoires !

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