La mort des chiens
La police a tiré les deux chiens de leur trou, nous les avons jugés devant la terre entière. Les voici à présent face à l’humanité, dans l’effroyable puanteur d’une religion dévoyée, sur le lieu même de leur exécution.
Ils ont eu le nez fracassé, les oreilles arrachées par la puissance de notre indicible colère, et leurs yeux rougeoyants restent à jamais fixés sur la une d’un journal qui leur rit à la gueule.
Ils ont nié leur dieu dans une salle de rédaction transformée en boucherie, ce ne sont plus des hommes, ils n’ont plus droit à rien. Les mille vierges qu’ils espéraient se détournent d’eux, le Prophète les approche, lève une seringue et les pique. Ainsi fera-t-on désormais, avant de le jeter aux cochons, du reliquat de l’obscurantisme.
Et les voici gisant dans le lisier des porcs qu’ils aimaient tant, au fond d’un trou creusé la veille, et qu’on rebouche de tonnes de déjection.
Plutôt que de pleurer, ne reste aux humoristes que nous sommes qu’à les honorer de notre rire tonitruant.