Solidarité, fraternité.
RIDAN - Clip "Ah les salauds !"
J'ai reçu hier ce message de Laurence V., que je n'ai jamais rencontrée. Il m'apporta la preuve que je ne suis pas seul dans le politiquement incorrect. Je vous le retransmet.
Paris, dimanche 11 janvier 2015, retour d'une manifestation de moutons.
Voilà, je la sentais moyen cette manif "marche républicaine" mais j'avais envie d'y participerr pour l'équipe de Charlie qui m'a tant apportée, leur rendre hommage à tous. Je repensais à la grosse Berta, et à la manif pour Carpentras, celle du "ça suffat comme ci" de Renaud… tout ce pan de ma vie qui est une bonne partie de ma culture aujourd'hui. Et pour leur dire que je suis encore en vie, pour une part, grâce à eux. En même temps, je n'avais pas envie d'être à côté ou derrière Hollande et les autres cons …
J'ai mis une heure entre Châtelet et Filles du Calvaire, et aux abords de la place de la République, tout était bloqué, une foule indénombrable stagnait sur plusieurs centaines de mètres, dans toutes les rues environnantes… Des minettes disaient que les flics empêchaient de circuler, ce qui est vraisemblable, car sinon pourquoi rester sur place des heures …
De temps à autres des applaudissements, aussitôt repris par la foule. Les gens se croyaient-ils à un match de foot. Voulaient-ils faire une ola ? En tout cas, à plusieurs reprises, ils SE sont applaudis, ce qui m'a passablement agacée, voire choquée, car je venais pour une marche silencieuse, un hommage à des amis assassinés… Puis, revenant sans arrêt,, le slogan "je suis Charlie" m'a interpellée, puis agacée. Bon nombre d'entre eux n'avaient jamais acheté un seul Charlie Hebdo de leur vie … Et puis, pourquoi dire "être" Charlie ? Cela révèle à la fois la crise identitaire et l'égocentrisme abjecte .
Le pompon a été lorsque fut entonnée la Marseillais. Là, j'ai fui aussi vite que j'ai pu, ne voulant absolument pas que les assassinés, de là où ils sont, me voient avec ces dégénérés, me confondent avec cette débilité.
Je continue par le boulevard qui semble bouché à l'approche de la Bastille, je reprends des rues parallèles, j'arrive boulevard Richard Lenoir où la manif officielle semble avancer au ralenti. Des cars de CRS forcent le passage en traversant de part en part le boulevard. Ils sont applaudis.
J'ai honte d'être française, d'être là au milieu de ces gens, de ces moutons … Pile à ce moment là, je tombe sur un arabe qui explique à une caméra qu'il est content d'être français, et qui embrasse son fanion de quelques centimètres, le drapeau de la République… Au secours ! Il me faut au plus vite trouver un chemin de traverse et quitter ce boulevard. Je me retrouve rue Popincourt, où je suis loin d'être seule mais on marche à un rythme normal… J'ai pitié pour l'équipe de l'hebdo, tout cela me dégoute. Je fais demi tour un peu plus loin avec une phrase en tête : je ne suis SURTOUT PAS Charlie !… Le trajet de retour a été une épreuve, une ado disait à sa mère : "nous n'avons pas vu le président"… Peuple de merde, mieux vaut que vous ne manifestiez JAMAIS !
Je pense à la manif d'entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2002, j'avais eu le même sentiment d'aigreur, de désespoir, de solitude … Sauf que j'avais retrouvé l'équipe de Charlie, qu'on était allé boire un coup, qu'on avait rigolé. Je leur avais dit que je voterais Chirac, dans un premier temps, pour mieux le démissionner le lendemain, ils ne m'avaient pas pris au sérieux, m'avaient expliqué tranquillement qu'on n'y arriverait pas. On peut dire qu'ils étaient plus "lucides" que moi, mais je ne peux m'empêcher de penser que leur manque de FOI et de conviction les a tués lui aussi. Car ce qu'enseignent les évènements de cette semaine, comme ceux du 11 septembre, c'est que ces "fous de dieu" ont un déterminisme qui nous dépasse , nous autre peuple occidental ballotté entre le"pt'être ben qu'oui et pt'être ben qu'non" de Normands.
Qui m'apportera une réponse ? Qui rendra aux Arabes leur Culture ?
L'esclavagisme est mort, et la reconnaissance, l'acceptation réelle de l'Autre devraient aller avec. Or je n’ai rien vu de tel ces 40 dernières années.
Signé Laurence v
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