Dans le marigot des espérances
Sarko dégagé, Juppé enterré, leurs supporters au cimetière… On dirait que la France de droite ne veut plus des vieilles barbes l'ayant menée là où elle est. C'est donc François Fillon, serviteur intègre de la finance, du sabre et du goupillon, qui de notre beau pays défendra les valeurs éternelles. À moins que les juges, instruits par le Canard, ne parviennent à le coincer et ne le mettent aux fers.
À gauche phénomène identique : Hollande KO debout, Peillon à la poubelle. Quant à Valls, malgré qu'il ait fait amende honorable concernant le 49/3, il a roulé dans la poussière. C'est donc Benoît Hamon, le plus mauvais élève de son parti, qui endossera le rose des socialistes — du moins de la moitié la moins bornée de ceux-ci, les partisans de l'indignité, s'empressant de quitter la barcasse pour aller se jeter dans les bras d'un Macron aux dents aussi blanches que les idées sont ambitieuses…
À moins de trois mois du sacre républicain, nous voici donc dans la situation suivante :
• Droite extrême : François Fillon. • Extrême droite : Marine Le Pen. • Socialistes : Benoît Hamon. • Insoumis : Jean-Luc Mélenchon. • Face à ces quatre-là, autrement dit ni d'un côté ni de l'autre mais à la fois d'un côté et de l'autre, Emmanuel Macron soutenu par les Rothschild, par le MEDEF et ses médias… Difficile, dans ces conditions, d'envisager des lendemains qui chantent.
Essayons malgré tout.
Si Fillon reste libre de ses mouvements, il aura malgré tout perdu une grande partie de ses plumes en raison de ses casseroles, de celles de Pénélope et de leur descendance. Du coup, de nombreuses voix de droite se reporteront sur Macron et Le Pen. Si au contraire il termine en cabane, ses supporters déboussolés rejoindront tant le Macron que la Le Pen, et la barcasse L.R. ira rejoindre au fond du marigot sa rivale à la rose.
Entre les deux tours, et dans la perspective du second, l'électeur devrait donc se retrouver devant ce triple choix : •1 Fillon-Marine, •2 Marine-JLM, •3 Macron-JLM. À moins que les petits candidats, les oubliés des grands médias, ne parviennent d'ici là à s'extraire de l'anonymat, à faire entendre ce qu'ils ont à nous dire, à nous offrir les fruits de leurs méditations. Et ceux-là, en plus de leur nombre et de leur diversité (François Asselineau, Didier Tauzin, Jean Lassalle, Pierre Larouturou, Poutou Philippe, Jacques Nikonoff, Yannick Jadot, Nicolas Dupont-Aignan — je dois en oublier mais tant pis) devraient en effet peser de tout leur poids dans un sens ou un autre, donc rajouter à la pagaille, ce qui complique d'autant le travail de l'oracle.
Ce matin, je parlais justement de cet imbroglio avec mon mon ami Jacques L, qui me fit remarquer que j'avais oublié un candidat de poids, un sage parmi les sages, un homme resté dans l'ombre en attendant son heure…
François Bayrou, eh oui, c'était bien lui, qui allait ressortir de derrière les fagots du Béarn. Et ce gentil renard, depuis les années qu'il guettait, avait eu le temps de réfléchir, de rebattre ses cartes, de peaufiner un étonnant programme.
Voyons, songeait-il : la défaite de Juppé, pour qui j'aurais voté les yeux fermés, m'ouvre la piste élyséenne. Sentier d'autant plus dégagé que le Fillon, empêtré dans un Pénélope-gate tombé à point nommé… que le Macron, ce bobo aussi flamboyant qu'inutile… que la Le Pen — mais elle, ne pas la provoquer, lui abandonner ses 25% et la laisser postillonner dans le vide… me restent 75% desquels il me faudra retirer les voix des Méluche et Hamon… mettons 15 car Méluche n'a rien du bon papa que souhaitent les Français, Hamon est quant à lui est trop jeune tandis que moi, disciple de Lanza del Vasto et de Gandhi, donc éclairé car en contact avec l'Esprit, doté d'une gueule aux petits oignons, et qui plus est en phase avec le ciel, la terre et le bon sens, je risque de faire un tabac parmi les électeurs qu'ont lassés les scandales. Quant à notre beau Macron, caricature bcbg de Berlusco et de son Forza, mais… bon sang… bon sang de bon sang !…
En marche, le sans-culotte enrichi ?
Eh bien moi, l'Henri IV républicain, EN SELLE ! .