29 mai 2008
Border line !
Ainsi, nos concitoyens n’auraient plus le moral. Fâcheuse nouvelle en ce printemps pluvieux.
Mais comment le sait-on, cela ?
On le sait pour l’avoir mesuré — et mesuré à l’aune de la consommation… C’est-à-dire que plus les ménages empileraient dans leurs caddies de sucreries, de charcuteries et de boissons gazeuses, plus le montant de leurs achats ravirait les Pinault et autres patrons de supérettes, meilleur serait leur moral (le moral des consommateurs et bien sûr celui des Pinault, les uns n’allant pas sans les autres dans nos sociétés solidaires).
Soit. C’est une manière comme une autre d’estimer la santé d’un peuple. Mais une manière qui me semble relever de la catastrophe intellectuelle, sinon de son naufrage. Comme si l’on évaluait le bien-être d’un enfant à la quantité de graisse dont il s’est enveloppé dans la fréquentation quotidienne des fast food et la consommation journalière de pâtisseries et de bonbons.
Eh bien moi qui suis un pékin de la France d’en bas, un border line au seuil de la misère, qui l’ai toujours été et ne m’en porte pas plus mal, cette chute de la consommation n’a cesse de me réjouir. Après s’être empiffrés, nos concitoyens vont apprendre à se passer du superflu. Ils vont troquer leurs 4X4 contre des bicyclettes, ils vont dresser des éoliennes dans les jardins de leurs cités, ils vont réhabituer leurs mômes au chocolat de quatre heures, les initier au jeu de billes, à saute-mouton et à la rigolade.
Du coup, bambins et bambinettes auront les genoux sales, les mains barbouillées et les poches pleines de rêves, et le visage radieux sous la tignasse hirsute, et des histoires à raconter.
Et la planète de refleurir, les Pinault de faire la gueule, les psy de déprimer. Et les décideurs de chausser des sabots, de remplacer le whisky par le gros rouge, de coiffer une casquette et de saisir le manche (non plus de la raquette mais de la bêche) pour aller jardiner (jardiner bio, mais vous l’aviez compris).
Au fait, qu’est-ce que c’est, le bonheur ?
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