Sapiens et la planète - Etat des lieux
En mes pensées m’en suis-je donc allé quelques jours, encore que “pensées“ soit un terme assez mal adapté pour traduire le besoin de souffler auquel je me suis vu confronté. Epuisement douloureux, vide sidéral causé, je pense, par quelques mois de bloging ininterrompu, la formidable partie de rigolade de ces derniers temps me transportant dans un azur traversé d’électrons que la pleine lune portait à leur plus haut voltage. Laquelle pleine lune, comme de juste, a commencé à décliner, à se décomposer à ce moment précis. Ce fut soudain comme si mon beau navire commençait à donner de la gîte, le grand mat passant par-dessus bord et soudain patatras, la cargaison à la mer, Buster lui-même accroché aux débris de sa gloire dans des creux de vingt mètres, avec le sel marin qui non seulement lui piquait les yeux mais lui rentrait dans les trous de nez avec, en plus, les monstres des abîmes venus le chatouiller là où ça ne fait aucun bien. Il était grand temps que je me misse sur le dos pour m’adresser aux dieux, que je fisse la planche pour tenter d’apercevoir, dans le foutoir de mon Moi en jachère, le rayon de lumière qui me permît de retrouver le cap.
Repiquage de salades, récolte de tomates et voilà, c’est chose faite. Je peux même affirmer qu’en ce matin de pluie, après deux jours couci-couça, la terre me semble prête pour des semences nouvelles.
Alors allons-y allons-o, et pas de langue de bois !…
Au feu ! le monde court à sa perte ! s’est exclamé Jacques Chirac, ce visionnaire, à quelques jours de remettre à son successeur son tablier d’héritier des Lumières. Flambeau repris aussitôt par notre cher Sarko, qui s’est empressé de baisser son pantalon (donc celui de Marianne) devant les potentats de l’univers, lesquels n’en continuent pas moins leurs déforestations, leurs pompages d’énergie, leur lâcher de gaz et leurs guerres de tranchées.
Le monde est donc fichu, ou peu s’en faut, et chacun de prendre le taureau par les cornes, chacun de bander ses muscles et d’engager, derrière Jean-Louis Borloo, une lutte sans merci contre l’envahissement des miasmes dans les Grenelles de l’environnement et les hautes sphères du développement durable.
Les camions pendant ce temps se croisent de plus en plus nombreux sur les routes buissonnières, les pubs d’envahissent les écrans et moulinent les esprits tandis que les Américains, talonnés par les Européens, les Brésiliens, les Indiens et Chinois qui n’auront de cesse de les rattraper, consomment quotidiennement leurs six cents litres d’eau, soit huit fois les besoins d’une vache occidentale en lactation. On croît rêver mais non, pas du tout, et Benoît XVI, le Saint homme, de se dresser contre le préservatif et l’IVG, en gros d’encourager les peuples à surmultiplier, à perdre leurs repères et accueillir à bras ouverts sida.
Si la planète semble fichue, et nous avec, et pareillement nos chats, hamsters et poissons rouges, la faute en revient donc… non pas au pape, le pauvre bougre… mais à Sapiens, plus précisément à Sapiens Sapiens, ce summum de l’évolution, qui envisage, après son expérience lunaire, de mettre un pied sur Mars, sans doute pour y pomper cette eau qui bientôt nous manquera, à nous autres innocents terriens.
Mais Sapiens, à y regarder de près, est-il le véritable responsable de la catastrophe annoncée ?
Peut-être, et peut-être pas…
Faut voir.