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5 septembre 2008

Les joyeux drilles devant le Tribunal des Peuples

Pour ne pas nous laisser, à la veille d'un week-end, sur une vision d’horreur, pour nous donner le courage de nous battre…

Heinz Barth  - 25 ans en 1945
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En chaussons, les Führers ! En charentaises et sans bretelles, sans ceintures, sans médailles. Qu'ils prennent la mesure de la prison mentale où les ont confinés leurs chefs, qu’ils mesurent le grotesque de leurs uniformes, le côté ridicule de leurs bottes, du côté falsifié d’une Schutzstaffel qui n'exista que par l'emprisonnement de ses mollets, ce blocage engendrant une sclérose de l’esprit, cette sclérose se traduisant à son tour par un pas de l’oie à se rouler par terre — éclat de rire des peuples à la vision des savates valsant à chaque lancé de guibole, mais la Vengeance n'en est pas terminée pour autant : alignés devant les fosses qu'ils ont obligé à creuser ceux-là même qui les comblent, les voici condamnés à extraire à mains nues, sous les yeux de leurs mères, de leurs épouses et de leur gosses, avec l’extrémité de leurs bretelles traînant dans la gadoue, les millions de maris et de femmes, de frères et de sœurs, de fils et de fiancées qui s'y liquéfient en silence. Et d'entreprendre des toilettes mortuaires sous les yeux de leurs parents, de leur fratrie qui se détourne avec horreur, de leurs mômes qui se bouchent les narines, de leurs bonnes femmes parties à la rencerse. Puis de vêtir les corps, de les accompagner à leur dernière demeure et de les inhumer avant d’aller  retrouver la caserne, d’y recevoir la volée méritée ou la potence où pendre.
Imaginez Heinz Barth de retour à Oradour après qu’on l’a chopé — ein zwei drei Barth ! (et paf, une première torgnole), Oberoffizier de la division der Führer, das Reich ou mein Kampf mais qu'importe (et paf, une seconde), on ne trouve pas de meilleure enseigne — au centre du village où se sont illustrées ses troupes. Voyez-le face à son propre néant après que des centaines de femmes et d’enfants ont été entassés dans l'église, mitraillés et achevés au lance-flammes pour se prouver qu'on est un homme, un vrai — Heil Hitler !… Glissez-vous un instant dans sa peau, sentez les regards silencieux braqués sur votre grossièreté, votre inutilité, votre néant… Considérez à présent le jerrican que vous allez soulever et vider sur vous-même, et voyez l’allumette que vous allez gratter, sentez les flammes dans le jaillissement desquelles, à défaut du pardon éventuel de quelques survivants, vous trouverez peut-être, mais vous-même en doutez, l'absolution de Dieu…
Hélas, aucune démocratie n’osa, si bien que se envolèrent les Barbie, les Eichmann, les Touvier et les Barth, et que prospérèrent les Papon dans les palais des républiques.
En vérité, les démocraties se sont interdit le nettoyage de printemps. Méditaient-elles la Corée, l’Indochine, l’Algérie et le Biafra, le Rwanda et j’en passe, tous pays à l’écart du tourisme, tous pays permettant à des brutes de se défouler sur les niacoués, sur les bougnoules, les biques et autres bamboulas, et autres bananias épris soudain d’une justice qu’on ne saurait accorder qu'aux ministres, aux chevaliers de l’industrie, aux barons de la finance ?…
Aucune audace, aucun honneur de la part de nations qui n’ont pas levé le petit doigt pour nous venir en aide, à nous autres Juifs, à nous autres Tziganes. Qui ne nous ont pas aidés non plus à châtier nos bourreaux, préférant les escamoter pour les utiliser plus tard comme consultants, comme meneurs de nouvelles exactions du côté des rizières, des oueds, des savanes, des forêts de l’Amazone. Nous seuls, citoyens d'une nation nouvelle, avons eu le culot d’arracher un Eichmann à la sinécure que lui avaient offerte ses vainqueurs, de le traîner jusqu’à Jérusalem, d’y rétablir la peine de mort pour enfin, devant le monde à peine intéressé, le pendre sur la place publique. Nous seuls avons reconquis l’honneur qu'on nous avait dénié. Nous seuls avons usé, devant l’énormité du crime, devant l’absence de repentir des assassins et le mutisme des témoins, du droit de légitime vengeance.
Oui, en réponse aux exactions de la vermine casquée, de ses blindés et de ses chiens,… LA VENGEANCE !

   

Auschwitz Karnaval - extrait

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Commentaires
L
http://oradoursurglane.free.fr/<br /> Je ne connaissais pas cet ènième événement obscène de l'histoire. Sans doute sommes nous à la recherche de notre propre histoire,sans avoir le courage de regarder l'atrocité des autres.<br /> Je suis émue, touchée, bouleversée par la tienne.<br /> Merci de en raconter des bribes.<br /> La vengeance réside aussi dans ton acte de mémoire.<br /> Je t'embrasse
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