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24 novembre 2008

Education nationale, citoyenneté, liberté.

darcos_5

    Ma scolarité ne fut guère brillante. Si on ne m’avait menacé de la férule, je me serais mué en cancre blotti contre le radiateur. J’avais pourtant des possibilités, quelques talents, mais trop de fantaisie sans doute pour apprendre mes leçons et ne rien contester.

    Après recul et analyse, je me dis que j’ai eu tort dans un sens et raison dans un autre. Ainsi, dans la mesure où l’école ne m’a pas conduit à la réussite professionnelle souhaitée par mes parents, je dois reconnaître que nous avons échoué, elle et moi. D’un autre côté, ne m’ayant pas émasculé — entendez n’ayant contrarié ni ma créativité, ni mon désir de délaisser ce qui m’ennuyait pour m’attacher à mes passions et à mes rêves — elle a favorisé (là est sa réussite) la maturation d’une révolte qui me fournit aujourd’hui les armes de ma libération. J’ai toujours haï les systèmes, leur rigidité, leur pesanteur, et je poursuis dans cette voie d’allégresse.

    L’Education Nationale, me semble-t-il, traduit on ne peut mieux l’état d’un corps s’acheminant vers une raideur qui ne peut que lui nuire, vers une manière de sclérose reflétant la condition du système auquel il appartient, en un mot vers la rigidité de son futur cadavre.

     Vers quels horizons diriger la jeunesse, à quoi la préparer dans une société dont nul ne sait ce qu’elle deviendra dans dix ans ? Sitôt achevé l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul, ne pourrait-on donner à chaque élève à la fois le goût d’apprendre et la faculté de grandir par lui-même, l’envie de recevoir dans un premier temps, puis de partager avec ses camarades ce qu’il aura appris ? En un mot, ne pourrait-on l’accompagner vers un devenir qui fera de lui, au sein de son village, de son pays et du monde, un citoyen conscient, c’est-à-dire éclairé ? Mais pour que l’Education Nationale puisse mener à bien, dans le respect de chacun, une tâche d’une telle ampleur, il lui faudrait de la souplesse.

    Cependant, quel règlement nous interdit-il, dans un objectif d’efficacité, de diminuer dans chaque classe le nombre des élèves ? Quelle logique nous empêche-elle d’accorder notre confiance tant aux enseignants épris de leur métier qu’aux enseignés retrouvant de la sorte l’élan qui fut le leur lors de leur découverte du monde ? Et quelle règle vieillotte, alors que les médias s’en font chaque jour l’écho, nous détourne-t-elle de l’envie de passer outre à des programmes figés pour nous baigner d’actualité, pour permettre à chacun de s’investir dans ce dont on parle, d’affiner ses jugements, de confronter ses idées  à celles de son voisin ?    

    Eh bien cette liberté, dont seul nous sépare l’épouvantail sinistre de la hiérarchie, revendiquons-la, conquérons-la, brandissons-la, mettons-la en pratique.    

    Pour la raison qu’elle nous éclaire de ses nuances et de sa subtilité, priorité à l’étude de la langue. Priorité de même à l’Histoire,  laquelle déroule sous nos yeux la succession de nos échecs et de nos succès à travers les âges, nous aide à comprendre d’où nous venons, à entrevoir ce vers quoi nous allons, à conjuguer nos énergies en vue d’un développement harmonieux de notre multitude.

    Enrichissement intellectuel des hommes et développement des peuples participent d’une même entreprise : la marche vers la maturité, vers l’équilibre, le progrès, le partage… Mais nous pénétrons là dans le royaume de l’utopie, redescendons sur terre, revenons à notre belle époque.

     Qu’a-t-il besoin de liberté et autres sornettes, cet univers de la grande bouffe dont nul dirigeant ne s’est rendu compte que la bedaine capitaliste et financière portait en elle les germes de sa propre décrépitude ? Dont nul dirigeant, démocratiquement élu ou non, n’a compris que c’en est terminé d’un système qui dévaste la terre et abêtit les hommes, les transforme en moutons qu’on dirige à sa guise.

    La crise financière qui nous frappe est une chance que nous devons saisir, tous autant que nous sommes — et vous en particulier, qui détenez le savoir et l’art de le transmettre. Terminé, le “travailler plus“ pour enrichir quelques maffieux qui n’ont que faire des écoles maternelles où les enfants dessinent, que faire des collèges qui voudraient enseigner autre chose que l’obéissance à des règlements, que faire des lycées et des facs qui  initient à la philosophie, à la réflexion, à la liberté !

     Xavier Darcos n’est pas un visionnaire, nous le savions depuis longtemps. Mais ce n’est pas non plus une brute, ni même un imbécile. C’est simplement un serviteur — en théorie serviteur de l’Etat, en pratique fidèle serviteur de son seul Président.

    Ce président envisage-t-il autre chose que la rivalité entre les citoyens, que la lutte permanente entre les décideurs, que la traduction en euros du stress et de la déprime générés de la sorte ? Nenni ! Et Xavier Darcos lui emboîte le pas, Xavier Darcos va droit dans le mur, droit dans le mur en compagnie de son président, droit dans le mur comme tant d’autres, qui s’accrochent au mirage d’un pouvoir qu’on ne partagera pas.

    Cependant, ne nous apitoyons ni sur eux, ni sur nous. Laissons-les ronger l’os d’un vieux monde essoufflé et préparons le nôtre, le nouveau, celui de l’avènement de l’Homme !

Billet à paraître également dans Vox Populi et sans doute Résistance Inventerre.

.

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Commentaires
M
Rigole, ma cocotte, rigole !
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V
Assurèment, ça est plus fort que la logique (hihi)<br /> <br /> ps : et comment va le parti socialiste cette semaine ? ( re hihi)
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M
Je vais faire court, parce que des fois le soir j'aime bien arrêter de me battre - je sors d'une réunion encore très instructive ! -, c'est lassant à force...<br /> <br /> Tu sais que je suis d'accord avec toi :)
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J
Tu vois Mimi, je suis indiscipliné, j'te fous le boxon dans ta classe, j'suis l'bâtard de ton blog, j'y fous la zone, mais j't'aime bien quand même. C'est vrai je préfèrerais une mégot qu'un instit, mais quand c'est toi qui va aux gogs pendant la classe, j'me marre.<br /> Alors moi, j'suis pour qu'd'arcos y te foutte la retraite à 75, vu?<br /> J'sais bien que des fois et même souvent t'aimerais bien que je change d'établissement,mais j'm'a croche du droit.<br /> A plus M'sieur Mimi,<br /> <br /> Jojo
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P
Tout gouvernement mis en place, quelque soit sa nature, à besoin de brider l'éducation afin que les générations suivantes ne puissent acquérir suffisament de libre arbitre et d'ingéniosité qui porteraient le germe de la fin de ce gouvernement.<br /> Seules les bases de l'apprentissage et le formatage d'un programme directif et dirigiste dans l'éducation de la jeunesse permet d'éviter la révolution qui pourrait inverser le maintient de l'élite en place.<br /> De pas "d'éducation du tout" jusqu'à "l'éducation qu'il faut et pas plus".<br /> Les rêveurs du fond de la classe, collés aux radiateurs, sont trop dangereux, et doivent être conditionnés plus que les autres en les orientant sur des filières fermées qui les bloqueront dans des souricières les empêchant d'avoir l'énergie de penser.<br /> Quand on sait que ces rêveurs sont vraisemblablement la seule richesse qui permettrait de trouver des solutions originales, par l'imagination qu'ils auraient pu développer sans les barrages imposés, pour innover dans un nouveau mode de fonctionnement dans lequel l'élitisme deviendrait un crime.<br /> Bon, allez, je met mon bonnet d'âne et je copie 100 fois, "Il ne faut pas remettre en question la répartition des richesses" monsieur Darcozy.
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