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1 mars 2009

Un oiseau de passage

VENISE_2008___479

 

    Au gré des discussions avec ses amis, avec ses connaissances, j’ai peu à peu découvert mon fils. Un fils dont je soupçonnais la fragilité du bonheur, mais que je n’aurais jamais imaginé aussi blessé, aussi peu sûr de lui en ses cachettes intimes.

    Jamais il ne parlait de lui. Il disait que se regarder le nombril ne l’intéressait pas, qu’il préférait traverser la vie en souriant. Le plus beau souvenir que je garde de lui date d’avant ce blog, d’avant l’ordinateur qu’il m’a offert. Nous travaillions alors côte à côte à retaper un appartement qu’il venait d’acheter. Nous partions de Levallois le matin, nous traversions Paris à moto, un gros cube, et revenions le soir sans la moindre anicroche. J’étais admiratif. Je me demandais comment, moi qui n’ai pas réussi grand chose, j’avais malgré tout pu engendrer un fils aussi fort, aussi brillant, aussi lumineux.

    Sa lumière attirait les femmes. Elles étaient presque toutes présentes ce mercredi des cendres, autour de son cercueil. Des blondes, des brunes, mais surtout des noires africaines, des métisses. Certaines retenaient leurs larmes, d’autres n’y parvenaient…

    Toutes belles, toutes jeunes, vivantes…

    Que lui est-il donc arrivé, à cet ange ?

    Dans leurs propos, moi qui avais pensé jusque là qu’il me considérait du haut de sa réussite, avec condescendance ou presque, qu’il me prenait sans doute pour un artiste quelque peu raté, j’ai découvert que ce fils avait parlé de moi à ses amies, qu’il m’admirait, qu’il m’aimait.

    D’où tenait-il donc cette incapacité à s’ouvrir, à se livrer, à se dévoiler ne serait-ce que d’un fil, à partager ses sentiments, accepter le bonheur que chacune lui offrait ?

    Il fut pour ces jeunes femmes un homme charmant, délicat, protecteur et vivant. Et de surcroît  un magnifique amant, on le devinait dans leurs yeux.

    Mais pourquoi, pourquoi bon dieu ne fut-il dans leur ciel, dans le mien et celui de cette jeune femme, Rislaine, avec laquelle il fut à Venise voici moins de deux mois, qu’un oiseau de passage ?

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Commentaires
M
C'est une leçon à retenir pour nous tous qui avons des enfants... On croit connaître ceux qui nous entourent mais ne se laisse-t-on pas envahir par un quotidien qui rend les choses si évidentes qu'on n'est pas capable de les saisir ?<br /> <br /> Apprendre le fils qu'il a été, se remplir de l'amour qu'il avait pour soi, le découvrir...<br /> <br /> Une approche de son enfant disparu pas facile. Merci de partager ces considérations avec nous.<br /> <br /> J'ai une furieuse envie d'aller embrasser mes enfants après cette lecture.
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C
Cher Monsieur,<br /> <br /> j'ai appris que Raphaël était parti, il y a une semaine maintenant, et j'ai le coeur gros. C'était un ami, un ami que je ne pourrai jamais oublié. j'aurais aimé être là avec vous lors de ses obsèques, pouvoir partager les souvenirs que j'ai de lui et vous raconter les derniers instants passés avec lui le 05 février dernier mais je n'étais pas au courant, j'attendais qu'il réponde aux messages laissés sur son portable en vain et je remercie Rislaine de m'avoir informée. Me permettrez-vous de vous écrire non pas sur ce blog mais sur une adresse mail, de vous parler de lui comme on pu le faire certains de ses amis. je l'espère de tout coeur et vous remercie pour vos écrits, je continuerai à les lire en espérant que l'on finisse par vous dire la vérité. Je sais qu'il n'y a rien de pire que de ne pas savoir, je suis de tout coeur avec vous, sa maman, ses frères et soeurs et Rislaine. Corinne
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L
"Où s'en vont , où s'en vont, les gens que l'on aime d'une certaine affection... qu'on est long à dire les -je t'aime- qu'on pense quand ils s'en vont" Michel Fugain.<br /> C'est terrible de les voir là , à Venise, dans des sourires si francs, si naturels. <br /> J'ai perdu deux amis très jeunes dans ces circonstances, 15 ans plus tard je ne comprends toujours pas leurs gestes...<br /> Pensées amicales<br /> lô
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M
Regarde, Mimi, une plume blanche vient de se poser dans tes cheveux. Comme un baiser.
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C
Connait-on toujours ceux qu'on aime suffisamment. Surement que non...<br /> Il a aimé, il a été aimé. Ce billet nous le rend présent, vivant, dans tes mots de père. Magnifique message Michel, merveilleuse déclaration. <br /> Je t'embrasse bien fort et pense bien à toi.
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