De guingois
Le chien sourit, le chat s’amuse. Il pleut à verse mais le toit protège, la voiture étincelle, le blog lentement s’étoffe. Tout va bien.
Et puis un fait apparemment sans gravité , un petit rien, un grincement à la suite d’un coup de fil… Mais tout va s’arranger.
Et puis on passe une mauvaise nuit, et le lendemain ce n’est plus un grain de sable qu’on voit se préciser, c’est un caillou, un rocher basculé de la montagne, la montagne en entier en travers du chemin. Et tout ce qu’on pensait solide commence à s’effriter. Le navire tangue, les amarres lâchent, le mat chancelle et s’abat sur la barre, la tornade balaie le pont, si bien qu’on se retrouve à poil, tremblant au centre du naufrage avec, flottant autour de soi, les reliefs de sa vie. De sa vie de branquignol.
Comment vous dire, docteur, c’est comme si… oui, comme si les objet ne tombaient plus selon les lois de la pesanteur, comme si le monde avait pris de la gîte, comme si les horizontales se croisaient en grillage déglingué, que le plancher devenu glissant se dérobait sous vos pieds, que vous basculiez dans un bouillon aux relents de défaite.
Comme si la pomme dans le jardin de votre éden tombait en diagonale sur la terre inclinée, vous plantant de guingois devant votre ombre claudicante.