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Chronique, virgule
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10 juillet 2008

Dévoilement

    Soudain une sphère éblouissante, à demi dissimulée par la forme inclinée d'un versant, mais s'élevant irrésistiblement, se détachant peu à peu de la terre pour la baigner d'une telle espérance que toute chose en rayonne. Le ciel lui-même, de plombé qu'il était quelques instants plus tôt, devient d'un bleu si pur qu'aucune huile colorée, quand bien même serait-elle travaillée par le plus talentueux des peintres, ne saurait en traduire l'immatérielle splendeur.

    J'en étais là, à demi aveuglé, immobile, le torse offert au rayonnement, lorsque, comme revenant à moi, je me tournai vers la vallée. Alors là…

    Un vertige ! Je quittai mon chandail, mon short, mon slip, roulai ces défroques dans un coin, me redressai pour m'avancer vers cette renaissance et mieux recevoir là, au-dessus d'un village englouti, dans une rosée qui unissait bosquets de sapins sombres, ceps de vigne alignés au cordeau sur les incurvations d'une terre presque blonde, champs de blés fauchés dont les chaumes étalaient de somptueux tapis d'or, l'offrande silencieuse d'une puissance ensemençant le monde. La brume devint un océan d'argent d'où surgissaient de part en part, plus ou moins pâles selon l'éloignement, plus ou moins gris avec des touches de bleu, les coteaux alentours… Et je marchai dans le soleil, j'accompagnai de mon corps purifié, allégé des fardeaux du passé, l'élévation au-dessus de la planète où vivent les hommes, les plantes et les bêtes, de cette lumière souveraine.

    J'ai parcouru cent mètres, deux cents mètres, cinq cents mètres. J'aurais marché encore, marché, marché, mais un ordre du ciel m'a désigné mes hardes.

    A peine m'étais-je rhabillé que s'effectuait une mue, une régression dans le sens du commun. Les brumes se dissipèrent, parurent des agencements de tuiles et retentirent au loin, sur la nationale 6, les bruits des mobylettes et des automobiles.

    Il m'a semblé que Dieu, après avoir béni la Terre, la rendait aux aveugles. De retrouver mon poids, j'eus envie de pleurer.

    Extrait de Viendrez-vous ?

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Commentaires
C
Ouh!!! très beau. <br /> Continuez...<br /> ( même si je ne suis plus là jusqu'en août)(je lirai après )
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M
Sans doute as-tu raison, Pivoine. J'habite à vingt kilomètres du village de Colette.
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P
L'impression de lire un Colette masculin o;))) Elle n'aurait pas désavoué ce texte, je pense.
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S
Ah cette Nationale 6...célèbre à mon coeur en évasion...un peu comme la "Route 66" des yankees !<br /> Grosse bise !<br /> http://www.youtube.com/watch?v=dCYApJtsyd0
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