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13 août 2008

Narcisse, ou la féminité des eaux

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Max Ernst Humbolt Current

    Narcisse portant sa déraison dans la débauche dorée des feuilles, le cirque d'une clairière que surveillent les mésanges , les hauteurs insensées où poudroie le soleil… Mais à l'inverse du personnage mythique, qui se penchait sur la rivière pour s'abîmer dans la contemplation de son reflet, se mirer quant à soi dans l'iris féminin, s'y enfoncer pour aller s'y chercher, s’y trouver, s’y sourire, et lui sourire à elle. En plus de la pulsion incontrôlable qui pousse vers le fourreau féminin de son ventre et l’écrin de ses bras, c'est alors une force maîtrisée que l'on dirige vers elle, un jaillissement de l'esprit dans un phallus en arc, ou l'inverse — chaos dès qu'il s'agit de démêler la raison de l'effet, le pourquoi de la cause, les trajectoires croisées de la cause et de l'effet — mais qu'importent ces broutilles ! Une telle divagation sur le chemin de la conscience n'est que l’expression de la volonté du Seigneur d'enfouir en Ses matrices l'incarnation de Sa semence… Bottes quittées aux abords de la source, s'offrir sous Son regard aux tourments de l'argile, en frissonner de mille transports, se voir à deux doigts de s'épancher dans les essences du mâle et du femelle, du liquide et du sec. Se contenir cependant,  se refuser à culbuter, se mouiller alors le front pour recouvrer ses sens, puis se rafraîchir les aisselles et le ventre, et les bourses au passage, la verge dans le prolongement. Mais ni le sexe ni l'esprit, qui cherche à contrôler toute chose, n’y trouveront leur compte.

    Désir, plaisir et faculté de raisonner, de computer et de rêver  transportés à présent dans le gargouillement des eaux, limbes aquatiques où se côtoient anguilles et grenouilles, ondulations, déploiements et détentes soudaines… Et tandis que le désir, on ne peut mieux illustré par la virtuosité de libellules copulant en plein vol, suit une courbe instable qui va frôler l’abîme avant d’en rejaillir pour de nouveau se retourner vers lui, le plaisir quant à lui monte sur l'oblique d'une droite. La rivière se divise en rameaux miroitant au soleil de trois heures, sous des doigts parallèles s'enchaînent les accords de la Lettre à Élise, Allegro mes mignonnes, Andante mes poulettes, et l'esprit dédoublé s'enchante des touffes d'herbe et d’un lit de gravier, de galets qui suggèrent en gué.

    Embryon de rivière, enfance d’un ruisseau que cherche à contenir un empilement de roches agencées en barrage mais l'eau déborde de partout, dégringole en riant sur une fille impudique, grimpée sur des emmarchements d'où ruisselle l'argent sur l’or de son amande. Clôture de barbelés au passage de laquelle elle devra se protéger de ses deux mains en conque, proximité du juge mais on s’en contrefiche, de sous la Création s'élève un chuchotement de vierge, le gargouillis d'un ruisselet dans une savane jaune, fillette nue livrant à son aînée un menu filet d'eau.

   

Eden - extrait

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Commentaires
M
Que les mâles ? Ben dame, et pour cause !
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S
Il me semble que le priapisme n'affecte que les mâles !
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C
> Cornillon<br /> <br /> Nique ta mère, taurillon!<br /> Clémentine
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M
Pousse et tais-toi !
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M
Le bougre met des jupes, à présent. Pour me séduire ? On aura tout vu !<br /> En tout cas, Clémentin-tine, galle à mon minotaure, il n'est pas commode.
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