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16 septembre 2008

Cuisines d’Auschwitz : ébauche de logistique

hitler_saUn S.S. opérationnel, c’est-à-dire non encore estropié et d’autre part correctement nourri, fournissait au bas mot quarante kilos d’une chair assimilable par le commun des mortels, notamment les détenus. Mais nombre d’entre eux (je parle ici de nos coreligionnaires), pour avoir suivi les offices religieux et s’être bien conduits avant d’être versés dans un camps de travail tel le nôtre, exigeaient que la viande fût cascher. Or, mécréants que nous étions, Mordekhaï et moi-même, nous étions mal placés pour exiger de rabbins à l'agonie qu'ils consacrassent une chair d’origine inconnue. Bien entendu, hors de question de leur avouer la provenance de ce que nous proposions.
La solution nous fut donnée par Guturdjieff, sous forme d’un souci dont je commençai par m'amuser. La scène eut lieu à la ferme d’Harmensee, dans les cuisines pour être exact. A jamais affamé, Ladislav venait d'engloutir un cochon et ne savait de quelle manière dissimuler le forfait, susceptible de le mener à la balançoire, c’est-à-dire à l’éclatement de ses parties intimes sous les coups de gourdins, en un mot à la tombe.

    — Fameux coup de fourchette, l’engueulai-je.
    — Lui naf naf tout pitit, herr Majorrr, minouscoule mimi comme pitchoun pitis yeux tire-bouchon, plaida-t-il. Alors moi consommer avec femme désireuse.
    — Femme… au singulier ?
    — Trois, trois agrrrikultivatchskaïa, finit-il par avouer, déployant quatre doigts. Vouloir elles bons morceaux, moi plus savoir quoi faire, moi donner.
    — Eh bien, plaisantai-je, remplace le cochon que tu viens d’avaler par un cochon sur pied.
    — Toi posséder ?
    — Moi posséder sa peau, regarde, lui répondis-je en ouvrant mon manteau sur mon costume de tueur.

    J’avais dit cela sans réfléchir, et voici que le bougre lâchait son os et se prenait la tête…

    — Cochon S.S., éructa-t-il soudain. Cochon nazi ça bon, ça génial, Karrabarr !

    Il enfourcha aussitôt la moto de Ziegefuss, revint une demi-heure plus tard porteur d’un sac où râlait un butor qu’il s’empressa de faire taire du tranchant de la main, puis d’un crochet que prolongea, dans le craquement des cervicales, le coup célèbre du lapin, appliqué sans faiblesse. Il entreprit aussitôt de saigner le gibier, de le démembrer et de le dépiauter, de le fendre dans sa hauteur — dans sa longueur plutôt puisqu'il gisait à terre
.
    — Le surplus, lui conseillai-je, tu l'emballes et tu le mets au frigo. On en aura besoin.
    — Jawohl, herr Majorrr, besoin pour nazis.

    Pour nazis ?… Je ne compris d’abord pas…

    Mais si, pour nazis, j’avais bien entendu.

    C’est ainsi que la S.S. de Birkenau et d'Auschwitz, sitôt la mi-octobre, ravie que les portions de jambon et d'épaule ne lui fussent plus comptées, se reput de morceaux prélevés sur ses membres saignés, équarris en catimini, stockés à Harmensee à côté des carcasses de moutons, de bœufs et de porcs dont les meilleurs morceaux allaient enrichir désormais l'ordinaire des détenus

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Commentaires
B
> Mi,<br /> Dis à tes illustrissimes personnalités, ci-dessus, de se manifester ici. Je te promets de leur laisser quelques petits fours.<br /> Balthazar<br /> <br /> P.S; Y'en a qui meurent avant que l'on ne les retrouve.
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M
Merci pour ton commentaire, mon frère.<br /> C'est vrai, je joue avec le feu, et j'en suis conscient. Il ne me déplairait cependant pas que ça fasse remuer dans les chaumières démocratiques.<br /> Il est vrai aussi que je voulais faire alterner les extraits du roman avec des considérations philosophiques aptes à éclairer le lecteur. J'ai d'ailleurs commencé, mais je me suis laissé entraîner par quelques autres commentaires. Ainsi celui de Mû, je crois, qui attendait la “grande bouffe“ que je viens juste de mettre en ligne à son intention.<br /> <br /> A présent, et selon ton conseil, voici l'intégralité du texte à la disposition de qui souhaitera le lire.<br /> C'est là ma seule défense possible, car je n'aurais pas les moyens de prendre un avocat.<br /> Quant à me défendre à main nue et à plume acérée contre des foules hurlantes, cela ne me déplairait pas.<br /> <br /> Je me dis aussi que mon Karnaval, bien qu'il soit quelque peu sanglant, est tout de même moins accablant que ne l'est “les Bienveillantes“.<br /> Et puis, plusieurs personnes m'ont dit que cet “Auschwitz“ était jubilatoire : entre autres un professeur de Faculté, et le secrétaire personnel de M. Antoine Gallimard.
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B
> Mimi,<br /> Tes petits-fours font fureur. Et frayeur.Et puis, tu sais, de plus en plus, je trouve que ton latrines/lettrine à l'air de s'être réellement lâché dans ses braies.<br /> <br /> Cependant, alors que je venais seulement de procéder à la lecture de l'extrait ci-dessus, je me demandais si tes morceaux choisis ne risquaient pas d'égarer tes lecteurs sur la pureté de tes fins. Celles-ci, hors de leur contexte, sans résumé, sans rappel des épisodes précédents risquent fort de nous conduire à Nuremberg pour répondre à quelques questions.<br /> Tu connais personne qui pourrait être ton impresario? Avant qu'il nous faille un avocat.<br /> Imagine, Michel, qu'un jour quelqu'un s'écrie : " Le reich est sur la toile! " Tu te sens à faire face?<br /> Michel des fois tu me fais froid dans le dos. Les gens ne remontent pas les blogs, les liens vers les pages précédentes ils s'en foutent.<br /> Michel, tu rouvres là un procès qui n'a jamais pris fin. Un dossier que nul ne peut boucler. Sur un médium qui n'offre pas de garanties pérennes, de recul, sur le sujet le plus sensible qui soit.<br /> Michel alterne tes extraits, tes messages avec des remises en perspectives. Tu n'as pas sur la toile la caution d'un éditeur.Un blog n'est pas un livre, un blog est un texte sans reliure et sans 4ème de couverture, les pages ne sont pas numérotées, sans dépôt légal.<br /> Tiens compte de tout ça, Michel. <br /> Balthazar<br /> <br /> P.S. Je t'ai dit précédemment d'offrir à tes lecteurs la possibilité d'avoir accès à l'intégralité de ton texte; indique le et comment sur chacune de tes publications sur ton blog.
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A
n' y a t'il pas MON blog pour venir me parler et deconner aussi ?
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B
> alea<br /> Comme je regrette que mes P.Ss. aient bassiné alea, elle est si drôle cette grande.
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