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24 septembre 2008

Questions essentielles – II, le retour (suite)

voie_lactee_1

    Nous en serions donc à l’adolescence…

    Si tel est le cas, et si nous rapprochons, de l’individu en lequel s’est matérialisé chacun de nous, le vaste ensemble que forme notre engeance, eh bien nous voyons s’ouvrir à nos yeux éblouis les perspectives grandioses dont n’ont osé rêver nos parents et ancêtres. La machine va nous délivrer de toute tâche rebutante, nous aurons ainsi le temps de lire, de nous instruire et de nous connaître, de nous aimer et de jouir. En un mot, nous allons nous libérer (à un niveau cependant bien supérieur), des chaînes qui entravaient le valeureux Cro-Magnon avant qu’il n’eût l’idée, au lieu de cavaler après sa nourriture, de la cultiver dans ses champs, de la récolter puis de la mettre en réserve dans ses greniers et dans ses poulaillers. Bénéficiant de ce même saut vers l’avenir qui le fit passer de l’état d’animal efflanquée à celui de maître de la Terre, nous n’aurons plus à nous creuser la tête pour des questions de matière. Et tandis que Cro-Magnon, digérant au coin de son feu, profitait de son temps libre pour explorer les mystères de l’atome, développer ses connaissances et bricoler de nouveaux outils, nous mettrons à profit notre impensable liberté pour explorer l’immensité de l’esprit.

    Cela, je l’ai découvert à 10 ans, à la faveur d’une nuit passée à la belle étoile. Et je vous garantis que cette nuit-là, ensemencé par la Voie Lactée, j’ai vibré au souffle électrisé de la nuit.

    La société, pour me parfaire, m’a flanqué au collège. J’ai replongé dans la chose matérielle, mes étoiles ont pâli, si bien qu’à 16 ans, l’âme en berne, je tombai au fond du trou — une véritable fosse, une horreur qui me fit concevoir le suicide, mais je préfère taire !

    Eh bien l’humanité me ressemble comme elle ressemble à chacun de vous, frères et sœurs. Elle reflète chacun de ceux qui en forment le corps, elle est une extension de chacun d’entre nous : elle ne fut d’abord, autrefois, qu’un nourrisson vagissant dans la boue et le noir des cavernes, puis un galopin bâtisseur de chimères et pourfendeur de ses ennemis. Elle est aujourd’hui le reflet du jeune homme assombri par une réalité qu’il ne peut supporter en raison de son manque de grandeur, de ses panneaux d’interdiction, du moule étroit en lequel on l’invite à se fondre. En raison également des forces qui s’affrontent en ce qu’il ne sait encore nommer, et qui le font chanter et  grimacer en même temps, danser et se vautrer dans la douleur, et aimer, et haïr.

    L’humanité a vingt ans aujourd’hui. Sentez la vibration des mondes, sentez  en vous l’appel de l’infini.

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Commentaires
R
Super bien écrit...j'adore lire les textes des gens qui savent exprimer les choses..mon boulot c'est la peinture...je rajoute du texte souvent mais pour ponctuer seulement...c'est donc avec grand plaisir que je rentre dans ton histoire avec ma modeste peinture intitulée:Sautons les barrières...présente sur cette page...amicalement...royo
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M
Ton commentaire est arrivé quelques minutes trop tard, ne m'en veuille pas, mon billet était bouclé, le nom de ClouLiPolPrune déposé. Sinon, tu t'en doutes, c'eût été ClouLiFanPolPrune.<br /> Je t'embrasse moi aussi.
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F
L'humanité n'est pas humaine. Elle est étriquée, elle respire mal, elle suffoque.<br /> Je ne sais pas si je lui ressemble, mais j'ai aujourd'hui son âge, 20 ans et je ressens toujours en moi les vibrations et l’appel de l’infini, même le nez dans la boue. Ca on ne me l'enlèvera pas.<br /> Beaucoup de plaisir à passer aujourd'hui Michel, même pas peur.<br /> Je t'embrasse
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C
Je sors peut-être cette phrase de son contexte, mais celle-ci me parle, car si je suis loin de l'adolescence, c'est souvent ce que j'éprouve de plus en plus vis à vis de notre société actuelle :<br /> <br /> "Elle est aujourd’hui le reflet du jeune homme assombri par une réalité qu’il ne peut supporter en raison de son manque de grandeur, de ses panneaux d’interdiction, du moule étroit en lequel on l’invite à se fondre".<br /> Nos libertés sont de plus en plus restreintes, les interdictions nombreuses, il faut vraiment se construire son bonheur, ouvrir grand les yeux pour voir les belles choses qui nous entourent, car elles ne sautent plus aux yeux naturellement.<br /> Et surtout, nous vivons enfermés dans notre petit monde quotidien, refusant de voir les 5 milliards d'hommes qui nous entourent, qui tentent de survivre et au mieux de vivre, et qui nous engloutiront sans doute assez rapidement. Loi naturelle du nombre.
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P
Michel, je ne suis pas d'accord sur tout ce que tu as écrit. Bien sûr, il y a l'évolution, du nourrisson à l'homme en passant par l'ére de L'adolescence. Mais, il y a une constante qui n'a pas bougé. Tu l'as mentionné, mais (pour moi), pas assez valorisée, c'est la boue.<br /> Elle est toujours présente, n'a jamais cessé de l'être.<br /> Nous faisons partie intégrante d'elle. Nous la façonnons, l'érigeons, l'adaptons pour nous donner cette impression d'évolution, de contrôle.<br /> Mais, sitôt que l'humain a l'occasion de replonger dans son bourbier originel, il se vautre.<br /> Et dans son osmose avec la fange, il retrouve son animalité qui restera le côté le plus humain de sa nature.
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