Pour sortir des ténèbres, un fil d’Ariane virtuel
Vous l’avouerai-je ? Pondre cette suite, ou plutôt m’enfoncer dans le vif du sujet, vous en remettre les clés (autrement dit les clés de ma personne), vous en ouvrir la porte (c’est-à-dire me mettre nu devant vous, sans bouclier ni masque) et vous présenter mon futur bébé, non, vraiment, ce n’est pas simple. Je dirai même que cela m’effraie. J’ai peur d’accoucher d’une souris.
Un fil, donc, qui permettra à quelques uns d’entre nous, dans le tsunami financier, démographique et guerrier qui s’annonce, d’échapper d’abord aux remous qui vont noyer une grande partie de notre espèce, ensuite de maintenir vivante la flamme ténue qui nous aura jusqu’alors guidés .
Car ces remous ne seront pas uniquement d’origine financière. Gardons à l’esprit que nous sommes sur notre planète six milliards de sapiens à l’appétit démesuré, que la glace des pôles a commencé à fondre, que nos dirigeants ont perdu la raison et que nous avons entre les mains les armes de notre suicide. Dans ces conditions, que d’aucuns qualifieront d’extrêmes, le mental seul peut nous tirer d’affaire.
Revenons donc à nos sources, revenons au Livre. Mais rassurez-vous, je ne parle pas du livre des chrétiens, encore qu’il nous offre en ses pages quantité d’éclairements. Je ferais plutôt allusion à un texte concis, une histoire imagée, abordable par un enfant : l’enseignement verbal d’un peuple éliminé de la surface de la terre par un fichu carnassier, un prédateur qui, rendant l’âme aujourd’hui, nous rends en même temps notre liberté. Mais laissons de côté les Yankees, revenons au peuple dont je désire parler, au peuple Cherokee et sa cosmogonie
« Quant à nous, les hommes, nous dit le Cherokee (voir mon billet du 30 avril), nous ne sommes pas le plus bel animal qui soit, nous sommes le rêve de l'animal. Un rêve encore inaccompli. »
C’est-à-dire, si je puis me saisir avec vous du fil qui nous est tendu et entreprendre une progression hors de notre matrice, que nous sommes destinés à naître du rêve en lequel a vogué jusqu’à ce jour notre animalité.
Or, et chacun le sait, nous ne venons pas au monde avec un bouclier, ni un gilet pare-balle, ni une Kalatchnikov. Nous naissons dans le plus simple appareil, et se tranche le fil qui nous liait au passé.
« Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.»
Cette dernière citation est de Khalil Gibran… mais je dois aller au charbon, nous poursuivrons demain.