Supposons
Supposons que nous soyons à la fin de la crise financière, que la Bourse retrouve ses couleurs, que les banques se redressent.
Supposons que les usuriers, les menteurs, les tricheurs et les experts en communication remportent la victoire dans la lutte qui les oppose depuis toujours à ceux qu’ils dépossèdent. A noter au passage que ce n’est jamais celui qui a pour seule arme sa force de travail qui engage les hostilités, mais bien le prédateur, le profiteur de la fortune collective, en raison de sa frousse d’être démasqué, de voir le fruit de ses rapines se disperser dans les chaumières, aller engraisser le manant, lui apporter le luxe et la clarté, le développement de soi, l’instruction de ses enfants.
Donc, flibustiers, banquiers et experts en magouilles s’apprêtent à spolier une nouvelle fois le monde, et de manière inique… Vont-ils fêter leur victoire au grand jours, comme l’ont fait les peuples en 1789, en 1848, en 1870, en 1968 etc, lorsque, se répandant et s’embrassant dans les rues, dansant parmi les casques cabossés sur les débris de l’ordre et de la flicaille, dansant la Carmagnole parmi les coquelicots, les marguerites et les bleuets de l’espérance, ils se sont vus à deux doigts de renverser la vapeur, de prendre les commandes, de mener le train non plus vers le gouffre et l’obscurité, mais vers le soleil, la chaleur, la lumière ?
Pas vraiment. Ils vont devoir se cacher, se retrouver entre eux dans quelque paradis protégé par des drones, se mettre sous la protection d’hommes de paille auxquels ils auront délégué la majeure partie de leur pouvoir. Que vont-ils faire alors, nourris, abreuvés et servis par les milliards d’esclaves dont le seul rôle sera de mettre du charbon dans la locomotive ?
Eh bien ils vont continuer de s’empâter, le cholestérol va figer leurs neurones et les étouffer, la prochaine crise les terrassera plus sûrement qu’une jacquerie.
L’avenir de l’être humain n’est pas dans l’accumulation des points de retraite, ni la prière aux dieux, ni l’or, ni la sécurité dont on nous rabat les oreilles, ni le travailler plus pour vivre de rognures.
L’avenir de l’être humain est dans son développement mental, dans le rêve qui lui permet de voir au-delà du bout de son nez, dans l’utopie tant décriée par ceux qui ne savent que compter, magouiller, asservir.
Chez ces gens-là, messieurs, on ne pense pas, messieurs, on ne pense pas, on compte…
Bonne journée à tous.