Dossiers en vrac, string égaré… — faire comme si
J-J Royo - demin jarete
Comme qui dirait la tête dans le cul, ce matin, la cervelle en jachère, les idées embrouillées… Mais pas le moment de se laisser aller, ça crie famine un peu partout dans ce monde en perdition, et ce n’est paraît-il qu’un début. En tant que responsable international, décideur financier de haut vol égaré par malheur dans les dessous affriolants du Fonds Monétaire International, tenter de me remettre à flot. Et commencer par se rajuster, par se donner une un coup de peigne vite fait et recouvrer sa prestance, effacer ce sourire qui ferait mauvais effet aux yeux du tribunal.
Tout d’abord, s’excuser .
« Mes humbles excuses au qu’en-dira-t-on, aux média, à mes employeurs et à vous qui me jugez, me condamnant sans m’avoir entendu. »
Aussitôt, s’expliquer.
« Si j’ai mis dans le mille, c’est que j’ai mal apprécié les conséquences de mon acte, et que j’ai mal visé. Mais ce n’est pas ma faute, il faisait nuit, la lumière s’est éteinte au moment où je perdais un bouton et alors c’est sorti, et comme de juste elle était là, devant moi, agenouillée déjà pour me venir en aide et ça n’a pas loupé, ce fut plus fort que moi, plus fort que nous, un coup de folie dans l’effondrement général de la finance mondiale et la dégringolade boursière, on s’est retrouvé à poil comme un couple de banquiers et vous savez ce que c’est… ben oui… on a plus été que des humains confrontés au désir d’en finir, des animaux en perdition sur un bureau couvert de dossiers en vrac, dossiers dégringolés partout mais ne vous inquiétez pas, on a tout nettoyé, on a tout rangé, j’ai retrouvé mon bouton et elle l’a recousu, ensuite on est rentré chez nous chacun de son côté, et ce n’est tout de même pas ma faute si elle a oublié son string, un foutu string qui m’a rendu cinglé dans les mouvements sociaux, la panique générale, les coffres vides et pareillement mes bourses, putain, si vous saviez combien je regrette… — enfin … merci, merci Monsieur le sous-directeur, merci Madame pipi, merci, oui, merci de votre magnanimité, Yahveh et Allahou akbar, tout mon amour à mon épouse de ne pas m’avoir laissé tomber dans ce moment aussi plais… euh, aussi gênant que dramatique, vraiment, vous ne pouvez pas savoir comme on s’aime elle et moi, s’aime comme au premier jours et maintenant revenons à la foufoun… — euh, pardon, revenons à nos moutons, au seul moyens que nous ayons, en ces heures dramatiques où tout nous choit sur le cigare, de retrouver un semblant de dignité. »
Et maintenant, retour aux dossiers du jour.
La tête, le cœur, le cul…
10 heures 46, déjà ! Je ne vais jamais y arriver…
10 heures 47. La m… !
Et si j’allais voir mon courrier ?
Bisous… invitation à lever le coude… des fraises, du sucre… Héléna qui se prend pour Sartre et me propose un truc… Mû qui me demande à quel os… chouette, cette Mû… et Balthazar qui en rajoute avec La Quotidienne… et mainteneant Maca’dame, une nouvelle, avec un nom à grimper aux arbres , à coucher dehors avec les bonobos, et une de plus, une ! à ne surtout pas laisser s’enfuir alors excusez-moi je vous abandonne, on vient de sonner à la porte, faut que je file…