La satisfaction de l'ogre

    — Nos problèmes les plus immédiats (coûts de fabrication, gestion de main d’œuvre, planning de production, turn-over, retours sur investissements et prises d’intérêts) se trouvent donc résolus, assure l’ogre De plus, nos marges sont en progression, ce qui devrait réjouir nos actionnaires et les convaincre d’investir dans les valeurs que nous offrons.

    — Plus de soucis… plus de soucis pour l’instant, sans doute, le modère un de ses affidés. Mais pour l’instant seulement. Vous avez joué trop gros, cher baron. Quant au miracle d’une augmentation régulière des profits, nous ne manquerons pas d’insister, nous autres collaborateurs, sur le fait qu’il n’est que provisoire. Les chinois, les arabes et les turcs vont prendre exemple sur nos prolos de la CGT et réclamer ce qu’ils considèrent comme leur dû, vous soutirer des avantages de plus en plus inconsidérés, en gros vous faire les poches pour partir en vacances et envahir vos plages, squatter vos hôtels, piétiner vos golfs, reluquer vos cocottes, vos michetons et danseuses, comme à l’époque de Léon Blum et du Front populaire. Nous pourrons même, portant notre regard au-delà de l’horizon des matins calmes, vous dépasser dans la prospective et vous transporter en Afrique, vous voir sous les cocotiers continuer de gérer vos affaires et engranger vos bénéfices, puis atteindre un palier, entrer en stagnation, vous heurter en finale à un problème qui vous ramènera sur terre : la propension du prolétaire, en l’occurrence du nègre extrait de sa brousse pour bosser en usine, à mettre le nez dans ce qu’il croit comprendre et se prendre la grosse tête, et vouloir régenter, retourner alors ses poches vides et lorgner du côté de coffres quant à eux bien garnis. Et, là, la terre entière risque de ricaner en songeant que vous êtes parvenus, après avoir écumé la planète, avoir sucé son miel et lui avoir pompé sa moelle, au seuil de la plus belle déroute qu’on puisse imaginer.

    — Eh bien imaginez, cher ami, imaginez à loisir ! Parvenus à ce stade, il nous sera difficile de progresser, je vous l’accorde. Et d’après vous, acculés au néant après que les nègres auront à acquis, comme avant eux les chinetoques, les turcs et les croates, nos connaissances et nos technologies de pointe, nous n’aurions que deux solutions : ou bien mettre fin à nos jours, ou bien troquer notre smoking contre le jean du peuple, abandonner nos limousines pour de tristes Twingo, pousser nous-mêmes nos caddies, nous fondre dans la foule pour enfin, sauvés de la vindicte des jaloux, accéder à la cour des miracles… Je n’aimerais pas vous décevoir, mais je ne pense pas que cela se passera ainsi, encore que nous encouragerons les moins retors d’entre nous à disparaître dans la masse et s’y terrer le temps de rebondir. Car pour nous, dont le bras est aussi long que la fortune est vaste, pour nous qui manions les états en tirant les ficelles des Pinocchio qui les dirigent, il est impensable de descendre au niveau du sous-chef, de trinquer avec l’ouvrier, de tenir nos assises au Café du Commerce. Laissons cela à nos histrions, avatars et élus qui adorent les bains de foule. Nous autres Bouygues, Bolloré, Seillière, Pinault, Arnault, Dassault, de Wendel (et je vous fais grâce des autres bâtisseurs de la fortune du monde), avons mieux à faire que cela. Ne croyez-vous pas ?

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Comments

[le photon]

Voilà : c'était .com et non .net ! Désolé ! Ah mes doigts, encore mes doigts, toujours mes doigts :)

[Mû]

Je sais, c'était une plaisanterie. Bééé
Bon, si j'ai bien tout compris, tu es absent pendant 3 jours ?
On pensera à toi.
Va bien et laisse-toi donc poupougner par les dames en blanc.
Heu...salue Marie

[lidia]

Béhémot... faut que je cherche...
Mimi, ton ogre est repu ou pas encore?
Je sors de la cuisine, s'il le faut, je veux bien lui refiler les épluchures de patates.

Bises l'Ami

[michel cornillon]

Béhémoth, non, c'est pas une chèvre, c'est le photon, quelques commentaires au-dessus.

[Mû]

Béhémot ... c'est une chèvre qui parle ?