Imparfaits que nous sommes
Nus, sans bouclier ni masques… Le pouvons-nous sans nous retrouver une nouvelle fois chassés du p… — mais non, j’allais faire une erreur : c’est pour avoir revêtu un masque, justement, que nous nous sommes vus bannis du paradis terrestre !
Alors, n’est-ce pas en rejetant nos masques, en cessant de nous mentir, que nous pourrons le regagner l’éden de notre prime enfance ?
Jusqu’à ce jour, notre animalité — notre bestialité parfois même — ont tenu lieu de vêture aux peuples que nous sommes. Du moins dans notre Europe, du moins aussi, peut-être, en ces deux derniers siècles — depuis que nous avons jeté bas nos rois comme tout adolescent tue le père, nous emparant du trône pour nous muer, de foules bruoillonnes que nous étions, en citoyens responsables d’eux-mêmes (du moins avons-nous tenté de le croire, naïf que nous étions).
En dressant sur nos places les arbres de la Liberté, nous n’avons oublié qu’une chose : des millénaires de servitude nous avaient abîmés, nous n’étions pas capable de nous donner la main, de cheminer ensemble dans une même direction, non plus que de tenir les rênes de la nation naissante. Le vin de la démocratie a tourné au vinaigre, c’est ce vinaigre aujourd’hui qui nous rend si grognons, si impuissants et si malades.
Une révolution qui ne serait pas l’exact reflet de la révolution intérieur de chacun ne peut avoir d’avenir. Tout au plus peut-elle conduire, superficielle qu’elle est, d’un déséquilibre insupportable à un autre, tout aussi douloureux, tout aussi profond que le précédent. Seule une évolution continue (niant donc l’idée d’une révolution) serait capable de perdurer. Mais nous n’en sommes pas là, et la secousse que subit aujourd’hui l’économie mondiale (en attendant que vienne le tour de la pensée unique) est le résultat d’une sclérose de cette pensée, justement. Les énergies ne pouvant circuler au sein de la société, les rancœurs s’accumulant à gauche tandis que la trouille s’amplifie à droite, les forces vitales en viennent à se contrarier tandis que le discours officiel assure que tout va bien. C’est alors que surviennent la secousse, le tremblement de terre, l’éruption volcanique, l’effondrement des valeurs et la dégringolade. Plus qu’à reprendre son pouce, verser une larme et recommencer.
Imparfaits que nous sommes, il nous faut évoluer sous peine de disparaître. Et évoluer jour après jour, évoluer vers le haut. Le cheminement inverse, plus facile il est vrai, nous ramènerait immanquablement à la boue d’origine, à la jalousie, à l’intolérance, au goulag et au crématoire.
Apprendre à regarder, apprendre à écouter, apprendre à voir et faire la paix en soi, faire la paix avec soi, et se sourire, commencer à s’aimer.
Et faire la paix avec la terre, avec le ciel, avec les animaux qui sont nos compagnons sur l’arche planétaire.
Et aider le plus faible, car le plus faible porte en lui, en ses gènes, en son cœur et en son esprit, les mêmes promesses que celui qui se dresse sur la haute marche du podium.
Je vous embrasse et je file au boulot (plus que trois jours !)