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10 octobre 2008

De nouveau, le regard du scribe

scribe

Le scribe -  photo X

   

    Cet homme droit, cet homme posé, magnifique, éclairé de confiance, me fait songer à l’enfant à la tête inclinée vers sa feuille de papier, à la langue entre les lèvres apparue, à la main qui s’apprête, après mûre réflexion, à transcrire sur la page du cahier ce que le Maître a dit. Le Maître infiniment savant, le Maître infiniment respectable, sévère parfois, mais si bon au fond de lui, si heureux des progrès de son élève.
    Le Maître disparu.
    Le Maître englouti par l’argent et la peur de l’avenir, chassé par les publicitaire et avant cela emprisonné par les églises, nié par les lois et les dogmes, réduit à sa plus morbide expression : le frère nu et souffrant, le frère abandonné, le frère à l’agonie au pied de Dieu, et devant le martyre duquel vont se recueillir marchands du temple, bigots et assassins.
    Cet homme-là, notre frère, le Christ, dut être magnifique lui aussi lorsqu’il tendit la main à la femme adultère, lorsqu’il lava le pied du miséreux, lorsqu’il offrit le pain et qu’il prêcha l’amour. Lorsqu’il se présenta enfin, n’ayant pour toute richesse que ses sandales et son vêtement, devant les bouffis et nantis qui le condamneraient à mort.
    Les bouffis, les nantis, après avoir oublié le scribe, ont condamné Jésus. Et condamnant Jésus, le remplaçant par des images, ils ont condamné l’homme, l’ont vidé de sa substance.
    Mort aux bouffis ? Mort aux nantis ? La colère me fait monter des larmes…

   

Pour terminer sur une note moins triste, en cette veille de week-end, je vous redonne à méditer ce qu’a pensé un peuple  dont je parle souvent.

    

   Au début, le Grand Esprit dormait dans le rien, et son sommeil durait depuis l'éternité. Soudain, nul ne sait pourquoi, dans la nuit, le Grand Esprit fit un rêve. En lui gonfla un immense désir. Il rêva la lumière, et la lumière apparut.
        Ce fut le tout premier rêve, la toute première route.

        Longtemps, la lumière chercha son accomplissement, son extase. Quand enfin elle trouva, elle vit que c'était la transparence, et la transparence régna.
        Mais voici qu'à son tour, après avoir exploré les jeux de la couleur, la transparence s'emplit du désir d'autre chose. Elle qui était si légère, elle rêva d'être lourde. Alors apparut le caillou, ce fut le second rêve, la seconde route.

        Longtemps, le caillou chercha son accomplissement, son extase. Quand enfin il trouva, il vit que c'était le cristal, et le cristal régna.
Mais le cristal à son tour, après avoir joui des innombrables scintillements de ses aiguilles de verre, s'emplit du désir d'une chose qui le dépassait. Il se mit à son tour à rêver. Lui si solennel, si froid, si dur, il imagina la tendresse, la souplesse, la fragilité. Alors parut la fleur
        Ce fut le troisième rêve, la troisième route.

        La fleur, ce sexe de parfum, de même chercha son accomplissement, son extase. Quand enfin elle trouva, elle vit que c'était l'arbre, et l'arbre régna sur le monde.
        Mais on ne trouve pas plus rêveur qu'un arbre, et l'arbre à son tour fit un songe. Lui qui s'ancrait à la terre, il rêva de la parcourir librement, de vagabonder en son sein.
        Ainsi naquit le ver de terre, point de départ du quatrième rêve, de la quatrième route.

        Le ver lui aussi chercha son accomplissement, son extase. Dans sa quête insatiable, il prit tour à tour la forme du porc-épic, de l'aigle, du puma, du serpent à sonnette, et tâtonna longtemps. Puis un beau jour, dans une immense éclaboussure au milieu de l'océan, surgit un être formidable, la baleine, en qui tous les animaux de la Terre trouvèrent leur accomplissement.
        Longtemps, cette montagne de musique régna sur le monde, et tout aurait pu en rester là, tant le spectacle était beau.
        Seulement voilà, après avoir chanté pendant des lunes et des lunes, la baleine à son tour fut la proie d'une chimère. Elle qui se fondait au monde, elle rêva de s'en détacher.
        Alors nous sommes apparus, nous, les hommes.
        Nous sommes le cinquième rêve, la cinquième route, en marche vers le cinquième accomplissement, la cinquième extase.

        Et ici, prenons garde. Dans la moindre couleur toute lumière est enfouie, dans tout caillou dort un cristal, dans tout brin d'herbe se cache un baobab, et dans le ver de terre sommeille une baleine.
        Quant à nous, nous ne sommes pas le plus bel animal qui soit, nous sommes le rêve de l'animal. Un rêve encore inaccompli.
    Qu'adviendrait-il de nous si nous éliminions la dernière des baleines en train de nous rêver ?    

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Commentaires
H
hum .... ça chauffe du bulbe ici !!<br /> <br /> et bien misticaté ; au moins j'en ai l'explication !!<br /> c'est étrange d'un seul coup je pense aux Upanishads du yoga ...<br /> <br /> ce scribe ne serait pas yogi ?<br /> <br /> bon , le commentaire de Baltha , elle est fumelle , attention elle va fumer , là , je souris grave , pardonnez moi l'expression ....<br /> que le grand croque me crique , j'aime bien fumer le cigare , toute female que je suisse !!<br /> <br /> à bientôt Michel <br /> amitiés<br /> helena
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C
J'ai l'impression d'être dans l'oeil du cyclone.
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B
>mû,<br /> T'es vache avec Michel, tu sais pas qui tu offenses.<br /> <br /> >Michel, fais pas attention, c'est une fumelle. Ca je suis sûr qu'elle va fûmer.
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M
Mû, ma chère Mû, te moquerais-tu de moi ?<br /> Sjbs, le KT et la prière d'oraison, non, merci.
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M
Alors cherche sur Gougueul : Père Michel Cornillon, et tu vas tomber dessus.
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