Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chronique, virgule
Chronique, virgule
Derniers commentaires
Archives
25 octobre 2009

Flash de 16 heures

.

Au beau milieu du Karnaval, alors que les S.S. déguisés en détenus titubent sous l’action du Cognac Ukrainien qu’on leur sert à la louche, les détenus déguisés en S.S. se font un plaisir de vider leurs chargeur sur ces clampins et leurs bonnes femmes.

 

Voyons maintenant ce qui se passe à l’étage supérieur…

.

Confrontés à cet ahurissant pugilat, les surveillants de miradors renonçaient d’autant plus à comprendre que la pharmacopée de Myklos, dont l’alcool décuplait les effets, venait d’agir sur leurs synapses dans le sens de la déglingue. Le bidasse du mirador 21, qui tenait à faire coïncider le réticule de son viseur avec il ne savait plus quoi, sentit un pruneau ricocher sur son casque. Trop mal en point pour réaliser qu’il s’agissait d’un projectile perdu, que le collègue du 20 ne l’avait pas visé, lui, Ausgar Buzuk, mais que c’était tout comme puisque la balle lui avait cabossé le casque, il parvint à tirer le levier d’armement de sa 111 MG, sulfateuse aérienne qui vous coupait un Stormovik en deux, et réussit à introduire une ration de pruneaux dans la fente adéquate. Il fit alors pivoter sa pétoire, porta son attention sur son voisin de l’est, dont l’allure peu amène annonçait la raclée. A sa gauche une menace identique, mais on ne pouvait brûler la vie par les deux bouts alors prends ça, Arschloch, c’est envoyé de bon cœur !… Et Arschloch, manqué d’un poil et d’autant plus furieux qu’il n’y était pour rien, d’agir à son tour sur les leviers de sa volonté, puis sur ceux de sa sulfateuse, de presser la détente et de balancer la sauce.

.

Mais le Seigneur veillait. Buzuk ne fut ni rectifié, ni même égratigné, encore qu’il eût pris sur la tronche une bonne moitié du toit, lequel s’enflamma sur le gaz où chauffait sa gamelle. Et comme la visière de son casque avait franchi la ligne de ses sourcils pour lui défoncer le nez, la sensation de pisser le sang, qui plus est dans le noir, et qui plus est dans un tohu-bohu du diable, le contraignit à chercher à tâtons, pour fuir les flammes qui lui léchaient le postère, le chemin du retour vers une terre d’où s’élevaient des ferraillements à ce point soutenus que nul ne pouvait percevoir ses appels au secours. Craquement de mauvais augure, lent basculement de la structure devenue tripode, puis bipode, et finalement dégringolade. L’incendie s’était propagé aux béquilles du fichu mirador, d’où torsion de l’édifice, le déplacement du centre de gravité entraînant le cisaillement des boulons et ce dernier provoquant, au moment de l’effondrement, un cri vite étouffé.

*

Trois jours plus tard, alors qu’à l’horizon se déchaînaient les orgues de Staline, parvenait à Auschwitz, rédigé par Kratsko et paraphé par moi-même, l’ordre d’évacuation.

.

Publicité
Commentaires
Publicité
Chronique, virgule
Newsletter
Publicité